Ouestafnews – Les autorités burkinabè affirment avoir neutralisé un vaste complot visant à semer le chaos dans le pays et renverser le régime en place par un assaut sur la présidence le 16 avril 2025. Le pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré accuse des militaires déserteurs liés à des groupes terroristes opérant tous à partir d’Abidjan. Plusieurs officiers ont été arrêtés.
Dans une déclaration du 21 avril lue à la télévision nationale (RTB), le ministre de la Sécurité, Mahamadou Sana, a révélé que les services de renseignement ont déjoué un « grand complot en préparation dont le but ultime est de semer le chaos total en vue de placer le pays sous la tutelle d’une organisation internationale ».
Selon le ministre, l’opération, qui a été déjouée in extremis, prévoyait un assaut contre le palais présidentiel à Ouagadougou le 16 avril 2025. Elle devait être coordonnée avec plusieurs attaques terroristes à travers le pays pour semer le chaos, ajoute-t-il.
Les instigateurs de ce complot seraient des officiers militaires déserteurs opérant depuis la Côte d’Ivoire, en lien avec des groupes armés, d’après le communiqué. « Tous les cerveaux sont localisés en Côte d’Ivoire, et le centre de leurs opérations est à Abidjan », a affirmé Mahamadou Sana, citant notamment le commandant Joanny Compaoré et le lieutenant Abdramane Barry.
Le lieutenant Barry, ex-membre du bataillon de la justice militaire, est accusé d’avoir transmis des informations sensibles sur les positions et les mouvements des forces de sécurité, des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et des opérations militaires. Ces données ont été utilisées pour accentuer les attaques terroristes et créer un climat de révolte contre les autorités, précise le communiqué.
Selon Ouagadougou, le complot visait également à déstabiliser l’armée elle-même. A cet effet, le ministre de la Sécurité a évoqué des stratégies de désorientation des services de renseignement, sous-tendues par des tentatives de manipulation à travers des messages ciblés dont l’objectif était de susciter des arrestations massives et injustifiées au sein des troupes.
Des messages ciblés auraient été diffusés pour susciter la frustration et miner la confiance entre les différentes branches des forces armées, dans le but de les désorganiser de l’intérieur.
L’alerte a été donnée par des soldats « patriotes » et des VDP, qui ont dénoncé le plan quelques jours avant sa mise en œuvre, permettant ainsi l’arrestation de plusieurs officiers impliqués, selon les autorités. Parmi eux, figurent deux hauts gradés : le capitaine Elysée Tassembedo, commandant du 12e régiment d’infanterie commando, et le commandant Frédéric Ouédraogo, ancien chef du bataillon de la justice militaire.
Cette série d’arrestations rappelle les tensions persistantes au sein de l’armée burkinabè, déjà ébranlée par des purges successives depuis l’arrivée au pouvoir, en septembre 2022, du capitaine Ibrahim Traoré, à la tête d’un régime militaire issu d’un coup d’État.
Ce coup d’Etat manqué annoncé par les autorités rejoint ainsi les tentatives non abouties survenues en décembre 2022, en septembre 2023 et en janvier 2024.
Plus récemment, en septembre 2024, le gouvernement de transition au Burkina Faso avait aussi salué l’échec de « plusieurs tentatives de déstabilisation » du pays. Le même Mahamadou Sana avait pointé du doigt des ressortissants Burkinabè, dont des militaires de haut rang, établis en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Nigéria.
Dans un climat de défiance généralisée, avec des arrestations de plusieurs journalistes et membres de la société civile, la transition militaire est aujourd’hui accusée de réprimer toute voix discordante. Le 1er avril 2024, les autorités ont publié une liste noire de plus de 30 noms, incluant journalistes, figures politiques et personnalités civiles, qualifiés d’« ennemis de l’intérieur ou de l’extérieur ».
Le 1er avril 2024, lors d’un discours à la nation, le capitaine Traoré avait déclaré que les Burkinabè ne sont « pas dans une démocratie » mais dans une « révolution populaire progressiste », rejetant tout « modèle de gouvernance qui ne développe pas un pays ».
Le pays est confronté depuis près d’une décennie à une crise sécuritaire persistante marquée par des conflits armés et la menace terroriste. Il a vécu plusieurs putschs successifs dont le dernier en date a porté au pouvoir le capitaine Ibrahim Traoré.
HD/md
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