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Décès de Wangari Muta Maathai, écologiste kényane, Prix Nobel de la Paix 2004 (HOMMAGE)

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Last Updated on 26/09/2011 by Ouestafnews

Par Ousmane Sow Huchard*

Née le 1er avril 1940 à Nyeri au Kenya de parents fermiers de l’ethnie des Kikuyu, aînée d’une famille de six enfants, elle faisait partie de ces rares femmes, de sa génération en Afrique de l’Est, à avoir fait de brillantes études supérieures. Après un Bachelor (licence) en biologie au Mount St Scholastica College à Atchison dans le Kansas aux USA, l’Université de Pittsburgh en Pennsylvanie en 1966 et l’université de Munich en Allemagne, elle revient au Kenya où elle obtient en 1971 un doctorat en biologie à l’université de Naïrobi. Invitée à prendre la parole dans de nombreuses et prestigieuses rencontres internationales, et des universités à travers le monde, elle a aussi été professeur invitée à la célèbre université américaine de Yale au Global Institue of Sustainable Forestry. Ancienne doyenne de faculté des sciences, elle fonde en 1977 avec des amis une association pour la défense de l’environnement le Mouvement de la Ceinture Verte « Green Belt Movement ».

En 1984, notre amie Wangari Muta Maathai est récipiendaire du Prix Nobel alternatif « pour la conversion du débat écologique du Kenya en action de masse pour le reboisement. », une récompense qui vient reconnaître et encourager le travail remarquable et remarqué de son Mouvement de la Ceinture Verte : « Green Belt Movement ».

Elle s’engage ensuite en politique afin de donner à son action en faveur de l’environnement plus de pragmatisme et de visibilité. Elle entre au Parlement kenyan en décembre 2002, et en 2003, elle fonde le parti Vert Mazingira pour porter son combat à travers toutes les régions de son pays. Femme de caractère, elle devient de plus en plus critique face aux autorités de l’exécutif kenyan dirigé alors par le président Daniel Arap Moi, qui n’hésitera pas à l’emprisonner plusieurs fois, notamment en 1991. Son militantisme pour l’environnement est de plus en plus reconnu à travers le monde, comme en témoignent de nombreuses distinctions : 1991 : Prix Goldman pour l’environnement ; 1991 : Prix Afrique ; 1993 : Médaille Edingburg.
En 2003 avec l’avènement de Mwai Kibaki à la tête du Kenya, elle est appelée au Gouvernement en qualité de Ministre – adjoint de l’environnement, des ressources naturelles et de la Faune sauvage. La communauté internationale ne cesse, depuis, de lui témoigner une attention particulière parmi les défenseurs des Droits des humains, de la démocratie et de l’environnement : 2004 : Prix Petra Kelly ; 2004 : Prix Sophie.

L’attribution du Prix Nobel de la Paix 2004 « pour sa contribution au développement durable, à la démocratie et à la paix » à notre amie Wangari Muta Maathai, cet écologiste kenyane bien connue du monde entier, fondatrice du « Mouvement de la ceinture verte », et député écologiste depuis 2002, est, et restera sans aucun doute, le signal le plus fort jamais lancé aux responsables politiques africains, face aux nombreux dangers et menaces qui planent sur l’environnement, les ressources naturelles, la démocratie et les tissus sociaux de notre Continent. Elle est aussi la preuve éclatante que c’est par la « praxis » sur le terrain concret et dans la quotidienneté que les combats politiques peuvent et doivent se gagner.

Aussi, à l’occasion de son décès survenu le dimanche 25 septembre 2011 à Naïrobi, dans 71ème année, et en notre qualité de Président sortant de la Fédération Africaine des Partis Ecologistes (28 partis répartis dans 25 pays), et de Secrétaire National en charge de l’Administration et de la Citoyenneté active du Rassemblement des Ecologistes du Sénégal « les VERTS », de premier et seul Député écologiste à l’Assemblée Nationale, souhaiterions-nous présenter aux membres de sa famille, à tous les écologistes africains, au Parlement et au Peuple Kenyan tout entier, nos sincères condoléances.

Tous les écologistes africains qui mènent aujourd’hui leur combat sur le terrain politique en Afrique, et toutes les ONG travaillant aux côtés des populations africaines dans les divers secteurs de l’environnement et du développement durable, nous en sommes convaincus, ressentent profondément et tristement la lourde disparition de notre amie Wangari Maathai, cette grande animatrice de la citoyenneté active au kenya, avec sa personnalité si attachante, dont le Prix Nobel de la Paix 2004, a constitué, une grande marque de soutien et d’encouragement pour le Mouvement écologiste africain.

Nous n’oublierons jamais cette femme de conviction, de courage, de détermination et de persévérance ; elle qui s’est beaucoup investie dans la prise de conscience de tous les décideurs africains sur l’impérieuse nécessité du respect scrupuleux, de la protection de l’environnement et des Droits humains, comme des facteurs les plus déterminants du développement durable et de la Paix.

Nous n’oublierons jamais notre rencontre avec Wangari Muta Maathai lors du Sommet du P7 que le Groupe des VERTS / ALE du Parlement européen, le Réseau P7 et son « Mouvement de la ceinture Verte » ont organisé à Nairobi du 22 au 26 avril 2003 sur le thème : « Globalisation et appauvrissement accru des populations ». Wangari Muta Maathai, avec sa simplicité et sa générosité coutumières, nous a reçu avec beaucoup de chaleur fraternelle, et avait permis à la Fédération Africaine des Partis Ecologistes de tenir une réunion extraordinaire au Siège de son Mouvement afin d’harmoniser nos positions sur les principaux problèmes écologiques qui assaillent le Continent africain, définir des stratégies et les voies et moyens pour le renforcement et l’élargissement de l’implantation du Mouvement écologiste en Afrique, et échanger autour des divers courants qui ont traversé le Mouvement écologiste africain depuis le Congrès de Dakar de mars 2002, à l’occasion duquel nous avions été porté à la présidence de la Fédération Africaine des Partis Ecologistes.

Cette réunion extraordinaire de la Fédération Africaine des Partis Ecologistes avait adopté à cette occasion un Plan d’Action, dit de Nairobi, le 22 avril 2003, et avait retenu l’organisation, en prélude de son 3ème Congrès, d’un grand Forum des ONG africaines sur le thème : « Quelle lecture et quelle position des écologistes africains face au NEPAD ».

En fait, notre amie Wangari Muta Maathai aurait pu être élue à la tête du Secrétariat Exécutif de notre Fédération lors du 2ème Congrès tenu à Dakar du 7 au 10 mars 2002, comme nous l’avions nous-mêmes souhaité, ainsi que notre ami Jean Nke NDih du Cameroun, l’actuel Secrétaire Exécutif de la Fédération. Il s’agissait pour nous, à travers le militantisme de plus d’un quart de siècle de notre amie Wangari Muta Maathai, de rendre un vibrant hommage à toutes les femmes africaines pour leur combat exemplaire dans les divers secteurs du développement, mais aussi et surtout, pour soutenir la croisade de notre amie pour la reforestation, la paix, le respect et la protection des Droits humains en Afrique. Malheureusement son calendrier chargé ne lui avait pas permis d’assister personnellement à nos Assises de Dakar, au déroulement desquelles elle a été bien représentée par Makanga Ngorengo, son principal collaborateur au sein du « Mouvement de la Ceinture Verte » et du parti Vert Mazingira.

Le Prix Nobel de la Paix attribué en 2004 à notre amie Wangari Muta Maathai avait marqué et continuera de marquer, à l’aube de ce 21ème siècle (« qui sera écologique pour que survive l’Humanité »), pour le Mouvement écologiste africain, mais aussi mondial, car jamais dans l’histoire cette prestigieuse distinction n’avait été attribuée à un écologiste, la naissance d’un nouvel élan pour notre combat sur le terrain politique, ici en Afrique, avec le soutien de tous nos amis à travers le monde, afin que l’Ecologie politique soit le fer de lance du Projet alternatif de société que réclament tous les Peuples africains, pour se réconcilier avec leur histoire, leur Culture, l’environnement, la paix, la Démocratie et les Droits humains.

Retenons que depuis le 29 juillet 2009, Wangari Muta Maathai était conseillère honoraire du Conseil pour l’Avenir du Monde.

Notre dernière rencontre à Copenhague en décembre 2010, lors du Sommet Mondial sur les changements climatiques, a été une agréable occasion pour renouveler l’amitié réciproque qui nous a toujours animés ; en témoigne cette photographie. En nous retrouvant le lendemain, autour d’un pot amical d’une quinzaine de minutes avec d’autres amis écologistes, elle n’avait pas manqué de me demander, comme elle le fait à chacune de nos rencontres, de lui chanter la chanson des écolos, que nous avions chanté publiquement à Naïrobi en 2003, lors du Sommet du P7 du Groupe des VERTS, dont les premiers vers disent :

« Quand les hommes vivront d’amour,
Il n’y aura plus de misère ;
les soldats seront des troubadours,
Les écolos peupleront la Terre ».

Nous ne t’oublierons jamais « Sister » Wangari ; Non ! Jamais. Soit donc honorée mille fois « Sister » Wangari, au ciel à côté des anges, comme tu l’a été sur cette planète terre que tu as tant aimée et défendue. Soit honorée mille fois chère amie, toi qui a honoré tous les « Vrais » Amis de la Nature et de la Biodiversité ; toi qui a honoré ceux qui travaillent chaque jour afin que l’Homme redevienne plus humain ; toi qui a honoré ceux qui militent quotidiennement pour la citoyenneté active, l’écocitoyenneté, la démocratie participative et le budget participatif ; toi qui a honoré ceux qui travaillent sans relâche à inscrire la SOLIDARITE au cœur de nos relations quotidiennes avec : les Animaux, la Nature, le Système écologique, les Générations futures, tous les Peuples du monde, et nos concitoyens menacés par la pauvreté, la précarité et l’exclusion.

Soit honorée mille fois, « Sister » Wangari, toi qui a honoré tous ceux qui militent pour la survie de l’Humanité sur notre Planète Terre.

Adieu, nous ne t’oublierons jamais.

*Ousmane Sow Huchard, Ph.D, est un militant écologiste sénégalais

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