« Les raisons de ce faible taux de bancarisation sont multiples : le faible revenu des populations, l’analphabétisme, la méconnaissance du système bancaire, l’éloignement des structures, les longues procédures, les coûts élevés de service et souvent aussi le manque d’information » , a expliqué le patron de la Boad, qui s’exprimait à l’ouverture d’un Forum organisé par son institution à Lomé.
Il a par ailleurs relevé des « obstacles omniprésents » qui, en Afrique de manière générale, continuent de plomber le développement du secteur financier. Et parmi ces obstacles il a notamment cité « la petite échelle des marchés, l’informalité d’une grande partie des activités commerciales africaines, les difficultés de la gouvernance, et les chocs fréquents et puissants sur les systèmes ».
« Moins d’un adulte africain sur cinq a accès à un intermédiaire financier formel ou semi-formel », a souligné le président de la Boad.
Ces déclarations interviennent dans un contexte où le rôle des banques et établissements financiers dans le développement des économies nationales ouest africaines commencent à faire l’objet de sérieux débats et remises en question, à l’échelle nationale mais aussi sous régionale.
Lors d’un colloque organisé fin mai 2010 par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), les participants avaient déploré la faible contribution des banques commerciales dans le financement de ces économies.
A l’occasion de cette rencontre, le patron de la Bceao Philippe-Henri Dacoury-Tabley lui-même, s’en était pris aux pratiques peu favorables des banques commerciales, dans les pays de l’Uemoa.
Ces pays, à l’exception de la Guinée Bissau, ancienne colonie portugaise, sont pour le reste (7 pays) des ex-colonies françaises, où le secteur financier a pendant des décennies été dominé par les filiales des grandes banques françaises (Société générale et BNP Paribas notamment).
Dans des propos largement relayés par la presse, le gouverneur de la Bceao faisait remarquer que dans les huit pays de l’Uemoa, ces banques ne contribuent que pour moins de 20 % au financement de l’activité économique, contre des taux supérieurs à 70 % dans des pays tels que la Tunisie, le Cap Vert, le Maroc ou l’Ile Maurice.
En outre le gouverneur de la Bceao avait relevé, pour s’en offusquer, les taux d’intérêts injustifiés pratiqués par ces établissements sur certains crédits à court terme (jusqu’à 12%).
Ces pratiques ont été pendant des années dénoncées par les usagers des banques qui n’ont jamais trouvé un répondant au niveau des décideurs.
La Boad comme la Bceao sont toutes deux des institutions financières sous régionales ouest africaines appartenant aux huit pays de l’Uemoa : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Togo et Sénégal.
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