Par Hamadou Tidiane SY*
Le discours sur la lutte contre la corruption au Sénégal ? Rien de plus qu’un bluff magistral. Exemple type de « tromperie sur la marchandise ».
C’est le triste constat auquel nous sommes parvenus, à la rédaction d’Ouestaf News, après avoir revisité le travail réalisé par les corps de contrôle de l’Etat, pendant ces cinq dernières années, et fait le point sur les résultats concrets auxquels ont abouti leurs rapports.
Quelles leçons en tirer ?
Pour peu qu’on soit dans les bonnes grâces des autorités, on est presque assuré de l’impunité. Peu importe les forfaitures commises, peu importe les montants détournés, peu importe le niveau de gravité des malversations signalées, peu importe les recommandations des enquêteurs…
(Voir notre série d’articles sur le sujet)
On en arrive à se poser ces quelques questions simples : à quoi bon former et mobiliser les agents de l’Inspection Générale d’Etat (IGE) ? A quoi bon créer un Office de lutte contre la corruption (Ofnac)? A quoi bon nous soûler de discours sur la transparence ? A quoi bon !
Et s’ils continuent, nous, citoyens, ne devrions plus les écouter, encore moins leur accorder un quelconque crédit, tant le décalage entre les beaux discours et la triste réalité est énorme.
A en juger par les actes et les contenus des rapports produits ces cinq dernières années par l’IGE et par l’Ofnac, on aboutit à ce triste constat : les sommes dilapidées ou détournées par nos ministres et les « chefs » de nos entreprises publiques sont si faramineuses qu’on comprend aisément pourquoi rien ne marche dans ce pays.
En réalité, il n’est presque aucune structure contrôlée qui ne fasse l’objet de récrimination sur sa gestion.
Entre les biens publics détournés à des fins politiques ou personnelles, les surfacturations, les sommes dépensées sans justificatif, les actes de corruption, les malversations de toutes sortes, ces « prédateurs » à la cupidité sans pareil, coûtent cher à l’Etat et surtout aux citoyens.
Face a ce péril (on ne peut l’appeler autrement), notre Etat, semble impuissant : hormis quelques coups d’éclat médiatique, une convocation par-ci, une audition par-là, la plupart des cas se terminent par des « libertés provisoires », puis rien. Ou alors, c’est le non-lieu pur et simple.
Et voilà comment nous nous retrouvons à vivre avec l’arrogance indécente de ceux qui détournent nos deniers publics, font partout étalage de richesse, et sans gêne. Au même moment, nos hôpitaux manquent de tout. Nos écoles sont dans un état de délabrement inqualifiable. Nos routes sont toutes défoncées, là où elles existent !
Et voilà pourquoi l’Etat peine à trouver des machines de radiothérapie, à mettre fin au scandale des abris provisoires dans les écoles de nos villes et villages, à assurer le paiement régulier des bourses aux étudiants.
Dans de telles conditions il est aisé de comprendre pourquoi l’Etat a des difficultés à tenir ses engagements vis-à-vis des salariés, installant le pays dans une instabilité sociale permanente.
On comprend aussi pourquoi le discours creux sur « l’émergence » n’accroche que quelques courtisans et thuriféraires, alors qu’il est contredit par une réalité sociale peu reluisante.
En un mot, dans cette affaire, nos dirigeants ont manifestement failli.
Or nous le savons tous, la corruption, comme tous les autres maux qui gangrènent notre société d’ailleurs, n’est pas une fatalité. Dans d’autres pays, on a bien réussi à y mettre fin, grâce à des leaders déterminés, armés d’une vision claire et d’une volonté ferme de ne « protéger personne ».
Pourquoi pas notre pays ?
*Journaliste sénégalais, fondateur d’Ouestaf News, reconnu Innovateur Social dans les domaines du Savoir et de l’Information par les Fondations Ashoka et Knight.
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