Ouestafnews – Les Sénégalais qui se préparaient à aller aux urnes le 25 février 2024 ont reçu une douche froide à la veille même du jour où devrait démarrer la campagne électorale en vue du scrutin. Dans une brève allocution adressée à la nation ce 3 février 2024, le président Macky Sall a annoncé l’abrogation du décret « du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral ».
Pour justifier sa décision, le président Macky Sall a pris comme prétexte la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire pour se pencher sur une affaire « opposant » le parlement au Conseil constitutionnel.
« Ces conditions troubles pourraient gravement nuire à la crédibilité du scrutin en installant les germes d’un contentieux pré et postélectoral », a déclaré le président dans une brève allocution retransmise par la Radiotélévision sénégalaise (RTS).
Le Conseil constitutionnel avait déclaré irrecevable la candidature de Karim Wade (fils de l’ancien président Abdoulaye Wade), donnant raison à l’opposant Thierno Alassane Sall qui avait introduit, le 15 janvier 2024, un recours dénonçant la double nationalité du candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS). Ce parti a dans la foulée porté des accusations de corruption et de conflit d’intérêt sur certains membres du Conseil constitutionnel. Ce qui a abouti à la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire pour clarifier l’affaire.
Les membres du Conseil constitutionnel ont, à leur tour, vigoureusement protesté contre la mise en place de cette commission, invoquant le principe de séparation des pouvoirs. Un des membres du Conseil Constitutionnel a d’ailleurs annoncé qu’il portait plainte contre ses accusateurs.
Dans sa déclaration, le président a rappelé son rôle de « garant du fonctionnement régulier des Institutions » et son intention de ne pas s’immiscer « dans le conflit opposant le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire ».
Outre cette affaire, le président est également revenu sur l’interpellation par la Division des investigations criminelles (Dic), d’une candidate pour des accusations de fausses déclarations sur sa nationalité exclusivement sénégalaise. La loi sénégalaise prévoit que tout candidat à la présidentielle doit être exclusivement de nationalité sénégalaise.
Depuis plusieurs jours, des rumeurs ont couru sur un éventuel report de la présidentielle. Pourtant, le président avait semblé ferme en recevant le 24 janvier 2024, un groupe de candidats recalés à l’issue du contrôle des parrainages. Le communiqué de la présidence publié à l’issue de cette rencontre rappelait que selon la constitution, « les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun recours ».
Dans sa déclaration du 3 février 2024, le président qui ne fixe aucune nouvelle date pour l’élection présidentielle, affirme s’être concerté avec le président de l’Assemblée nationale et celui du Conseil constitutionnel ainsi que diverses autres institutions nationales.
Enfin, il rassure ses compatriotes qu’il ne revient pas sur sa parole de ne pas se présenter à un troisième mandat. Malgré ses assurances, hormis chez ses fidèles les plus irréductibles et ceux du candidat Karim Wade, la décision du président de suspendre le processus électoral est vivement critiquée par les Etats-majors des candidats et des partis d’opposition ainsi que par des citoyens sur les réseaux sociaux.
Quelques heures avant la déclaration du président, les députés du PDS avaient introduit une proposition de loi à l’Assemblée nationale pour demander le report de l’élection.
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