Ouestafnews- «80 militaires tués, 160 mille déplacés depuis le début de la crise au Cameroun» où une vidéo montrant des exécutions sommaires des civiles dont des femmes et des enfants. Ce sont là les informations qui nous parviennent souvent du conflit qui sévit dans la partie anglophone du Cameroun.
Ces informations, bien que cruciales occultent tout de même d’autres réalités, plus préoccupantes et insidieuses dans cette partie du pays, en proie à une crise depuis bientôt deux ans.
La région anglophone du sud-ouest du Cameroun est secouée par un conflit armé. Les Camerounais anglophones, frustrés par «le système», sont eux même partagés entre une volonté sécessionniste et le retour à un système fédéral. Ils veulent plus de reconnaissance de la part du gouvernement dominé par leurs compatriotes francophones.
«On ne parle pas souvent de la situation des déplacés internes qui est très critique», soutient Coumba Touré, coordonnatrice du mouvement Africans Rising, une ONG panafricaine qui s’est donnée pour mission de se battre pour la paix, la justice et la dignité partout sur le continent.
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Créée à la suite de ce qui a été dénommée, la «Déclaration du Kilimandjaro» en août 2016, Africans Rising a décidé de contribuer activement au développement de l’Afrique, de réparer les injustices et mettre fin aux conflits sur le continent africain. C’est dans ce contexte que le mouvement a récemment envoyé une délégation pour soutenir les femmes camerounaises qui réclament la paix.
Selon un communiqué du mouvement, parmi ces déplacés figurent plus de 50.000 élèves et étudiants, désormais coupés de leur base et qui ne peuvent plus continuer leur scolarité. La situation de ces jeunes et leur avenir inquiètent particulièrement Africans Rising dont les membres soutiennent qu’il est temps de mettre fin à cette situation.
«Il y va de l’avenir de ces jeunes gens et enfants, mais aussi de toute la nation camerounaise», a déclaré Mme Coumba Touré, cité dans le communiqué.
Ces déplacés, parce que n’ayant pas traversé une frontière internationale ne sont pas perçus comme des réfugiés et bénéficient de très peu d’attention et par conséquent, ils ne profitent que de très peu d’aide, précise le même document. Pourtant ils sont confrontés à la malnutrition, à la perte de leur emploi et à la précarité.
Il y va de même pour les cas de viols, de la vulnérabilité des femmes et des enfants dans un territoire où l’insécurité et la criminalité montent en flèche sans que les médias l’abordent.
Le mouvement Africans Rising qui s’est associé à des groupements de femmes locales qui œuvrent pour le retour de la paix, milite en ce sens pour aller au-delà de ce qui est diffusé dans la presse et des réseaux sociaux et montrer au monde le vrai visage du conflit.
«Les autres meurent silencieusement et l’information doit être relayée», soutient la Coordonnatrice d’Africans Rising.
Ce combat pour mettre en lumière la réalité n’est pas sans dangers puisque les femmes qui en sont les initiatrices sont prises entre deux feux.
Dans un camp comme dans l’autre, leur démarche est mal perçue. Suivant les parties, elles sont taxées d’être soit des «rebelles» par les forces gouvernementales, ou des sympathisants du «gouvernement par les anglophones favorables à la scission».
Ces pressions simultanées ont pesé sur beaucoup de militantes selon le site Camer.be qui fait référence à la dernière marche tenue le 29 août dernier à Buéa (partie anglophone) et qui a vu le désistement de beaucoup de femmes, «par peur de représailles», note le site.
Le peu de femmes présente avait comme message : «Education : plus que jamais nos enfants ont besoin de protection ; Non au viol : les filles ne sont pas des objets sexuels, la guerre est onéreuse, mais la paix est inestimable», rapporte le site camer.be.
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