Ouestafnews – A quelques mois de la présidentielle, une décision de justice vient de secouer la scène politique ivoirienne. Tidjane Thiam candidat désigné du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) à la prochaine élection présidentielle est radié des listes électorales. Ce dernier dénonce la décision.
Tidjane Thiam parle d’« élimination politique injustifiée » pour qualifier la décision prise par le tribunal de première instance d’Abidjan, dans une déclaration rendue publique sur son compte Facebook. Le 22 avril 2024, ce tribunal a ordonné la radiation du président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), des listes électorales.
Motif de la radiation : la perte de sa nationalité ivoirienne à la suite de son acquisition de la nationalité française en 1987. Une décision prise à six mois de l’élection présidentielle, prévue le 25 octobre 2025.
Face à ce que le PDCI-RDA qualifie de « décision politique », Tidjane Thiam, candidat désigné, a réagi avec fermeté. Dans une déclaration postée sur les réseaux sociaux, il a dénoncé « un déni de justice indigne d’une démocratie » et appelé la communauté internationale à soutenir les Ivoiriens dans leur quête d’élections libres et équitables.
Il précise qu’il « n’acceptera pas cette radiation et que le PDCI-RDA ne l’acceptera pas non plus », avant de dénoncer une décision « inique, injuste, injustifiée et incompréhensible ».
Tidjane Thiam, candidat désigné du principal parti d’opposition, se dit déterminé à contester la décision sur tous les fronts disponibles. « Il n’y aura pas de plan B ni de plan C. C’est une question de dignité », précise-t-il.
M. Thiam, qui avait acquis la nationalité française en 1987, y a récemment renoncé afin de se conformer aux exigences légales ivoiriennes en vue de sa candidature à la présidentielle de 2025.
Le tribunal a suivi un autre raisonnement juridique en statuant contre l’argumentaire des avocats de M. Thiam. La décision s’est appuyée sur l’article 48 du Code de la nationalité ivoirienne, qui stipule qu’un citoyen perd sa nationalité s’il en acquiert une autre volontairement. La décision a été rendue publique par Me Rodrigue Dadjé, membre du collectif des avocats de M. Thiam. Toutefois, Me Dadjé précise que cet article ne devrait pas s’appliquer au candidat désigné du PDCI-RDA, car « il est né binational » – français par son père –.
L’avocat poursuit que malgré les documents fournis attestant qu’il avait donc droit à la double nationalité de naissance, le juge a donné raison aux plaignants qui sont à l’origine de plusieurs recours, visant à obtenir le retrait de Tidjane Thiam de la liste électorale provisoire.
L’un des recours à l’origine de cette procédure judiciaire émanait de N’Zi Bernard Kokora, secrétaire national adjoint du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, parti au pouvoir), rapporte l’Agence ivoirienne de presse (AIP). Le membre du RHDP avait saisi la Commission électorale indépendante (CEI). La CEI est responsable de l’organisation et du contrôle des opérations électorales conformément à la Constitution.
Cette commission avait rejeté sa plainte, la jugeant « mal fondée ». Insatisfait de la décision, N’Zi Bernard Kokora s’est alors tourné vers la justice, qui a désormais statué de manière définitive : la radiation de Thiam est actée et insusceptible de recours, précise l’AIP.
L’exclusion d’un candidat de l’opposition à la course présidentielle n’est pas une première. Avant lui, plusieurs figures majeures de l’opposition ivoirienne ont été écartées de la liste électorale pour des motifs judiciaires : l’ancien président Laurent Gbagbo, son ancien bras droit Charles Blé Goudé, et l’ex-premier ministre Guillaume Soro, actuellement en exil. La radiation de ces trois derniers était motivée par leur condamnation à l’issue de procès pénale.
La décision judiciaire intervient dans un climat déjà crispé. À mesure que la présidentielle du 25 octobre approche, les tensions politiques s’exacerbent. Les observateurs internationaux appellent à un climat de transparence, d’inclusivité et d’équité pour garantir la légitimité du scrutin.
Face à son exclusion, Tidjane Thiam appelle à un dialogue politique en demandant « à toutes les parties de s’engager dans un dialogue constructif afin que le scrutin d’octobre soit conforme aux normes internationales et que personne ne soit exclu du processus électoral. »
La CEI elle, doit publier la liste électorale définitive le 20 juin.
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