Crise politique en Guinée Bissau: vers la dissolution du gouvernement ?

Cette crise ouverte entre les deux hommes, tous deux membres du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée Bissau et du Cap-vert (PAIGC) pourraît connaître un tournant ce mardi 11 aout 2015 avec l’adresse à la Nation annoncée par le président Vaz, cinq jours après celle de son premier ministre.

« Le président m’a dit qu’il ne me fait plus confiance. De nombreuses tentatives ont été faites pour résoudre le différend mais (il) a maintenu sa position de dissoudre le gouvernement », indiquait le Premier ministre dans un message à la Nation, diffusée, le 05 août 2015 par la radio publique locale.

Selon plusieurs sources, la dissolution du gouvernement reste une forte probabilité. Selon les allégations de son premier ministre, le président a délibérément provoqué cette crise en vue de justifier la dissolution du gouvernement.

Risque de remous

Une décision qui ne sera pas sans remous dans le pays, déjà le 07 août 2015, des centaines de manifestants, considérés comme des partisans du Premier ministre, se sont massés aux abords du palais présidentiel pour dénoncer une éventuelle dissolution du gouvernement.

Une forte divergence sur la gestion du pays oppose les deux hommes depuis quelques temps. Au cœur de la brouille figure le départ souhaité par le président de certains ministres, dont celui des Affaires étrangères qui se heurte au refus de son Premier ministre.

Cette crise politique ouverte, qui risque de replonger le pays dans l’instabilité, fut à la base de la concertation tripartie à Dakar entre les présidents Vaz de Guinée Bissau, Alpha Condé de Gunée et Macky Sall du Sénégal.

Alors que le chef de l’Etat guinéen effectuait une visite d’Etat de quatre jours au Sénégal, le président Vaz s’est aussi rendu le 08 août à Dakar, sur invitation de ces homologues guinéen et sénégalais.

Selon une note du ministère sénégalais des Affaires étrangères, le président Vaz a été encouragé par son homologue Macky Sall, à travailler à la recherche d’une « issue pacifique, négociée et durable à la situation politique en Guinée-Bissau ».

Efforts de médiation

Le chef de l’Etat sénégalais par ailleurs président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) a aussi lancé « un appel solennel à tous les acteurs politiques bissau-guinéens à œuvrer dans ce sens en faisant preuve d’esprit de dépassement patriotique » souligne encore la note du ministère sénégalais des Affaires étrangères ».

Depuis son accession à l’indépendance en 1974, après une lutte armée contre le colonisateur portugais, ce pays frontalier du Sénégal et de la Guinée Conakry a vécu le plus clair du temps dans une forte instabilité politique, marquée par de récurrents coups d’Etat militaires.

Dotée d’une population de 1,6 million d’habitants, la Guinée Bissau qui occupe le 177ème rang (187 pays classés) de l’édition 2014 de l’Indice de développement humain du Programme des nations-unies pour le développement (Pnud) a aussi fait l’actualité ces dernières années comme étant une place forte du trafic de drogue en Afrique de l’ouest.