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Dossier Sankara : il ne faut pas attendre grand chose de la promesse de Macron (chercheur)

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Ouestafnews – Comment appréciez-vous le discours du président Macron à Ouagadougou comparé à ceux de ses prédécesseurs Hollande et Sarkozy ?
 
 Arthur Banga – Au-delà du discours, si l’on veut considérer toute la cérémonie, dans la forme déjà c’est une rupture, parce que le discours est suivi d’échanges. Maintenant dans le fond, on est dans la logique de ce qui est dit depuis quelque temps. Il y a certes des orientations qu’on peut considérer comme nouvelles mais qui sont en même temps dictées par l’évolution du monde d’aujourd’hui.
 
Les gens oublient très souvent que le monde de 1960 n’est pas celui de 2017. Déjà, la France elle-même n’a plus les moyens qu’elle avait, n’a plus l’autorité qu’elle avait. Il y a une recomposition des acteurs sur le continent. Dans la forme, c’est une rupture, étant donné le fait qu’il a voulu échanger avec son auditoire.
 
Ouestafnews – L’annonce de la «déclassification» du dossier Sankara est vue par beaucoup d’observateurs comme un point saillant du discours. Est-ce votre avis ?
 
A B. Oui, c’est un point saillant. Mais, comme je viens de le dire, c’est l’ambiance du moment, car un président français ne peut pas se rendre au Burkina Faso actuellement et ne pas faire une déclaration forte sur l’affaire Sankara. Voilà Blaise Compaoré n’est plus au pouvoir, la révolution populaire est passée par là. Donc, ce serait dommage d’ignorer les changements qui ont eu lieu au Burkina Faso. L’annonce de la «déclassification» du dossier Sankara est le fruit du contexte actuel. Maintenant, il ne faut pas rêver non plus. Il ne faut pas espérer voir dans ses archives la bible en quelque sorte. On aura sans doute quelques éléments, mais je doute fort que cela soit quelque chose d’ultra-fondamental. C’est très bonne chose d’en arriver à cette «déclassification» et le mérite revient plus à la pression exercée par la jeunesse burkinabé.
 
Ouestafnews – Tout comme son prédécesseur François Hollande, le président Macron lui aussi, a décrété la fin de la Françafrique en déclarant qu’il n’y a plus de politique africaine de la France. Faut-il le croire au mot ou l’attendre sur le terrain des actes ?
 
 Non ! Il ne faut jamais simplement écouter le discours d’un homme politique. Il faut attendre les actes forts qu’il va mener dans ce sens. Mais, j’ai bon espoir. Je disais tout à l’heure qu’il y a une évolution des contextes. Une évolution de la jeunesse africaine en elle-même et qui fait que nous allons forcément progresser. De toutes façons les relations France-Afrique ne sont pas immuables. Elles ont toujours connu des avancées. Aujourd’hui, les accords de défense que nous avons ne sont pas les mêmes que ceux de 1960. Et ceux-ci n’étaient pas les mêmes que ceux qui étaient rédigés en 1975. Sur la question du franc CFA, ce n’est pas un débat nouveau. Depuis les discussions des accords financiers, ce débat existe. C’est une question qui a été débattue en 1975. Il y a des pays comme Madagascar qui ont chuté, le Mali à un certain moment.
 
Donc, on n’est pas dans quelque chose qui ne bouge pas. On est dans quelque chose qui est dynamique. Et ce dynamisme s’impose par le contexte du moment. Je pense qu’on aura des avancées liées à l’environnement et aussi à la volonté d’Emmanuel Macron, parce que c’est quand même un jeune président et autre état d’esprit. On aura des avancées mais il vaut mieux attendre les actes forts qu’il va poser pour être sûr qu’on s’en sortira. 
 
Ouestafnews – Que peut-on attendre du sommet UE-Afrique sur les plans diplomatique, économique et social?   
 
A.B – Sur le plan diplomatique, pour la Côte d’Ivoire, c’est gros point. Parce qu’au mois de janvier-mai, on avait l’image d’un pays en pleine mutinerie. Les tensions qui ont existé entre Alassane Ouattara et Guillaume Soro ont montré aussi un avenir incertain. On a un sommet qui a réuni 80 délégations, toute la diplomatie mondiale, la Côte d’Ivoire joue pour son image. Elle rassure à la fois pour son image et rassure aussi les investisseurs. C’est d’abord, pour la Côte d’Ivoire, un gain.C’est un deuxième gain pour le Maroc, dans la mesure où, c’est la première fois qu’on parle de Sommet UA-UE parce que ce pays a intégré l’Union africaine. Et l’Union africaine joue pleinement son rôle.
 
Le thème du sommet en lui-même est très intéressant. Et n’oublions pas que le thème du Sommet, c’est la jeunesse […].Les gens ne comprennent pas que tout le dynamisme de la  jeunesse africaine sera au service du monde.C’est un dynamisme à la fois pour l’Afrique et pour l’Europe. Mais l’Europe doit comprendre que c’est un dynamisme surtout pour elle. On espère que des décisions seront prises en faveur de la jeunesse.On espère avoir des fonds ou des partenariats qui seront ciblés vers l’emploi, la formation, l’éducation, les visas études, les visas formations. Je pense que ces genres de choses peuvent être intéressants pour la jeunesse. Parce que si les jeunes ne sentent pas concrètement ce que ce genre de sommet peut leur apporter, ce n’est pas la peine de l’organiser.    
 
AC-ON/mn/ad


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