Egypte : diplomatie à « géométrie variable » ?

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Par cette dénonciation, la Raddho se fait le relais d’une inquiétude et d’un malaise grandissant qui ont du mal à s’exprimer mais restent très présents au sein des opinions publiques africaines.

« La Raddho note avec désolation, que pour des raisons à géométrie variable, cette rupture de l’ordre constitutionnelle [en Egypte] a été accueillie de manière mitigée par la communauté internationale », écrit cette ONG de défense des droits humains dans un communiqué parvenu à Ouestafnews.

« Cette posture de funambule de la communauté internationale, principalement des grandes puissances occidentales, mais aussi de l’Union africaine et de la Ligue arabe face à la crise égyptienne, a singulièrement contribué à polariser le champ politique égyptien jusqu’à aboutir à l’irréparable », rapporte le communiqué signé de Dr Ibrahima Guissé, représentant permanent de la Raddho auprès des Nations unies, à New York (Etats-Unis d’Amérique).

La répression des manifestations des Frères musulmans – auxquels appartient le président Mohamed Morsi déposé le 3 juillet par l’Armée – a fait plusieurs centaines de morts en Egypte.

M. Morsi avait été démocratiquement élu président de ce pays d’Afrique du nord en 2012, après la transition née de la révolution de janvier 2011. Le président Hosni Moubarak avait été évincé alors des affaires, après 29 ans au pouvoir, sans interruption.

Officiellement, les violences ont fait quelque 600 morts, les Frères musulmans parlant, eux de quelque 2.200 personnes tuées.

« La Raddho observe, avec regret et inquiétude, que la révolution égyptienne tend à tourner au pire cauchemar », lit-on dans le texte qui « condamne énergiquement la répression aveugle et sanglante » des partisans de M. Morsi, détenu au secret depuis sa destitution par l’armée.

La Raddho « appelle au retour à l’ordre constitutionnel, sous le contrôle des institutions internationales » et « demande la tenue d’une session spéciale du Conseil des droits de l’homme sur la situation en Egypte, et l’ouverture d’une enquête internationale pour faire toute la lumière sur le massacre des populations civiles ».

De manière générale, le mutisme de la communauté internationale et l’action timide de l’Union africaine sur les violences en Egypte et la destitution du président Morsi ont ému les élites ouest-africaines.

« Malgré l’ampleur du bain de sang, les pays occidentaux, à commencer par le président le plus puissant du monde, Barack Obama, n’ont condamné le massacre que du bout de la langue », a dénoncé le quotidien sénégalais Enquête, dans un éditorial.

« Ce monde est-il (…) sérieux ? » s’interroge-t-il, dénonçant « un concours international de mauvaise foi et de cynisme » envers l’Egypte, théâtre de « liquidation d’un pouvoir démocratiquement installé ».

Sur son site Internet, L’Observateur Paalga, un quotidien d’information burkinabè, voit un « problème » en Egypte où « le département d’Etat (des Etats-Unis d’Amérique) se garde de qualifier l’intervention de l’armée égyptienne de coup d’Etat pur et simple, pour éviter que le Congrès (américain) exige la suspension de toute aide non humanitaire à l’Egypte ».

Selon le Congrès américain, l’armée égyptienne bénéficie actuellement d’une aide financière de 1,3 milliard de dollars, l’une des plus importantes aides financières de Washington à l’étranger.

« L’Egypte, le plus grand pays du monde arabe, considéré comme une puissance régionale dans le Moyen-Orient, en plus d’être un véritable foyer des meilleurs monuments du monde et d’héritage civilisationnel, ne peut pas se permettre d’échouer politiquement », tente de se consoler le Guardian le quotidien The Guardian du Nigeria.

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