Yahya Jammeh arrivé au pouvoir par un coup d’Etat militaire qui a renversé le président Dawda Jawara le 22 juillet 1994, dirige le pays depuis d’une main de fer. Il était à l’étranger au moment des faits.
Ce n’est pas la première fois que des militaires mécontents tentent de s’emparer du pouvoir de Jammeh. Mais aucune de ces tentatives n’a jamais réussi, donnant souvent l’occasion à des purges meurtrières, qui n’ont épargné aucune frange des services de sécurité.
Ce 30 décembre 2014, selon les premières informations relayées par quelques médias, un groupe de militaires a tenté de s’emparer du palais présidentiel (State House) mais a dû faire face à la résistance des forces « loyalistes ». Certaines sources évoquent déjà un « échec » du coup d’Etat.
Sur Twitter, une internaute a relayée l’arrestation possible de la vice –présidente Isatu Njie Sadi. Difficile de le confirmer. De même qu’il était difficile de confirmer des informations fournies par un site d’information de la diaspora gambienne, connu pour son hostilité farouche au régime de Banjul, qui parle d’un contrôle du palais par les forces insurgées.
Le président gambien, qui se trouvait à l’extérieur du pays (en France, selon des informations fournies par les média) était en route pour son pays. En milieu de matinée certains médias sénégalais ont affirmé que son avion a été incapable de se poser à l’aéroport de Banjul, « contrôlé » par des militaires.
Selon l’agence Panapress, la radio-télévision nationale avait cessé ses émissions. Selon l’agence américaine Associated Press, Louis Gomez, chef des services de renseignements (NIA, National Intelligence Agency) a refusé de se prononcer sur les évènements en cours. La NIA a toujours joué un rôle très important dans le système gambien.
Cette énième tentative de coup d’Etat intervient alors que le régime gambien est soumis à une forte pression extérieure, faute d’opposition forte dans le pays.
Il y a juste une semaine, le président Barack Obama avait annoncé qu’à compter du 1er janvier 2015, la Gambie sera retirée de la liste des pays africains pouvant bénéficier des avantages commerciaux dans ses relations avec les Etats Unis, au titre de l’AGOA ( African Growth and Opportunity Act)
Le régime de Banjul avait réagi en minimisant la portée de la décision, affirmant que la Gambie n’avait, de toutes façons, jamais profité des opportunités offertes par cette loi.
Sur un autre front, le pouvoir en place à Banjul – qui par un régime de terreur sans précédent a muselé l’ensemble des médias et des forces vives du pays – doit faire face à une diaspora qui souhaite en finir avec lui et qui passe son temps à dénigrer le régime de Banjul à l’étranger.
Mais il est difficile de savoir la force que représentent ces mouvements établis à l’étranger et leur capacité à influencer le cours des choses.
Excédées par la situation désastreuse des droits de l’homme et le manque de liberté d’expression dans le pays, plusieurs organisations de défense de droits humains fustigent régulièrement le régime de Banjul et lancent régulièrement des appels à la « communauté internationale » pour un rappel à l’ordre du gouvernement gambien.
A Dakar, qui fait lieu de plateforme pour l’expression de cette indignation, des rencontres sont souvent organisées par des organisations comme la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme, (Raddho,) le bureau Afrique de l’ONG Article19, la fédération internationale des journalistes, ou encore Amnesty International pour dénoncer les abus du régime gambien.
Tout récemment, à l’occasion de la célébration des 10 ans de l’assassinat du journaliste Deyda Hydara, plusieurs journalistes, militants des droits de l’Homme s’étaient retrouvés lors d’une projection de film sur le défunt journaliste et en avaient profité pour lancer un appel pressant au Sénégal, en tant que “voisin” et aux organisations internationales, leur demandant d’agir pour « mettre fin à l’impunité » en Gambie.
Hormis l’assassinat de Deyda Hydara, dont les meurtriers courent toujours, le gouvernement gambien est soupçonné d’être mêlé à la disparition en 2006 du journaliste Chief Ebrima Manneh.
Cette répression féroce contre les journalistes et militants des droits humains a poussé une bonne partie de l’élite gambienne sur les chemins de l’exil et réduit au silence les journalistes et activistes restés sur place.
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