Les obstacles au développement de l’Internet sénégalais selon Google

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Google est pourtant souvent lui-même accusé de ne favoriser ni le développement du secteur ni sa démocratisation au niveau mondial, en raison de sa boulimie et de ses pratiques « capitalistiques » qui favorisent plutôt la concentration entre ses mains de grandes parts du marché mondial de l’Internet.

Durant ces « dix dernières années » et en dépit des apparences, « la progression de la pénétration de l’internet au Sénégal a été limitée par rapport au potentiel et au progrès réalisé par d’autres pays », souligne ce rapport consulté par Ouestafnews.

Cette étude réalisée par le cabinet Balancing Act pour le compte de Google met principalement en cause deux obstacles majeurs, tout d’abord la faiblesse de la concurrence caractérisée par la « position dominante de l’opérateur historique Sonatel sur l’ensemble de la chaine de valeur des services internet ».

A ce premier handicap s’ajoute, la faible régulation du secteur, selon le rapport. L’Agence de régulation des télécommunications et des postes du Sénégal (Artp) a « manqué à différentes occasions de promouvoir un marché concurrentiel des services internet », précise le document.

Ce manque de concurrence et l’absence d’une forte régulation expliquent la rareté des fournisseurs d’accès à internet (FAI) qui ne sont que deux sur le marché Arc informatique et Sonatel, ce dernier contrôle 99 % de la clientèle de l’internet fixe, selon le texte.

La même situation prévaut aussi, dans le segment de l’Internet sans fil et mobile, il n’y a aussi que très peu d’acteurs à savoir Orange, branche mobile de Sonatel, Expresso, du soudanais Sudatel et Tigo du Luxembourgeois Millicom qui jusqu’à récemment ne disposait que d’une licence mobile, contrairement à ses deux concurrents.

Avec « une bande passante de 9 Gbit/s et près de 400.000 abonnés internet », le Sénégal est pourtant « souvent cité dans le peloton de tête des pays d’Afrique de l’ouest dans l’adoption et l’utilisation de services Internet », note le rapport.

Mais, estime Google, le Sénégal aurait pu mieux faire ces dix dernières années à l’instar du Kenya et de l’Afrique du Sud où de « nouveaux régimes juridiques des licences a permis le développement et l’accès aux infrastructures nationales et l’ouverture de l’accès local ».

« En matière de TIC, l’exemple parfait en Afrique, c’est celui du Kenya, pays à l’Est du continent où ces technologies contribuent à 30% de la croissance », déclarait dans un entretien avec Ouestafnews Yann Le Beux, formateur en TIC, basé à Dakar.

Dans ses recommandations, Google estime que le Sénégal doit entre autres de « développer et promouvoir au plus haut sommet de l’Etat une stratégie du haut débit, de favoriser la concurrence en redynamisant le processus de contrôle des prix entamé par l’Artp ».

« Le rôle de l’Artp c’est de promouvoir les nouvelles technologies de façon à se qu’on puissent avoir un accès universel aux télécommunications. Il faut qu’on mettent les opérateurs dans une situation de concurrence entre eux pour qu’il ne se contente pas d’un clientèle captive dans les villes ou dans certaines zones, sans faire avancer la technologie », affirmait récemment à Ouestafnews, Amadou Kanouté, Directeur exécutif de l’Institut africain pour la Citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev).

Bien que posant un vrai débat sur une question importante, pour les observateurs qui s’intéressent à ces questions, le rapport de Google « peut cependant sonner faux » en cela qu’il donne des prescriptions que la firme ne s’applique pas à elle-même.

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