Ouestafnews – L’organisation de défense des droits humains Amnesty International réclame la libération « immédiate » de douze responsables politiques de l’opposition, dont Youssouf Daba Diawara, incarcérés au Mali.
Dans un communiqué rendu public le 19 juillet 2024, le bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de cette organisation non gouvernementale (ONG) interpelle les autorités maliennes sur ces détentions qu’elle juge « arbitraires ».
Amnesty International se dit préoccupée par la « répression de la dissidence » et, surtout, de la situation de Youssouf Daba Diawara, ancien responsable de la Coordination des mouvements, amis et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS). M. Diawara, accusé d’avoir participé à une manifestation non autorisée le 7 juin 2024, a été arrêté cinq jours plus tard et conduit à la brigade d’investigations judiciaires de la gendarmerie avant d’être inculpé d’« opposition à l’autorité légitime » le 15 juillet 2024. D’après l’ONG, « son procès doit avoir lieu le 3 octobre » 2024.
Outre ce proche de Mahmoud Dicko, imam influent au Mali, onze leaders politiques ont également été, selon Amnesty International, « arbitrairement » arrêtés le 20 juin 2024 et placés sous mandat de dépôt le 24 du même mois par un procureur du tribunal de la commune V de Bamako, la capitale malienne. Arrêtés lors d’une réunion privée au domicile de Moustapha Dicko, vice-président de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema), ils ont été inculpés de « complot contre l’État » et d’« opposition à l’autorité légitime ».
« Les autorités maliennes doivent immédiatement mettre fin au harcèlement judiciaire dont font l’objet les membres de l’opposition et les voix dissidentes », déclare Samira Daoud, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, dans le communiqué.
Les figures politiques maliennes arrêtées étaient tombées sous le coup de l’interdiction, décrétée le 10 avril 2024 par l’État, des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations. Cette mesure a été levée le 10 juillet 2024.
La levée de cette suspension n’a malheureusement pas freiné la « répression croissante », des droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association, note Amnesty International dans son communiqué.
Pour Samira Daoud, « les autorités maliennes doivent immédiatement mettre fin au harcèlement judiciaire dont font l’objet les membres de l’opposition et les voix dissidentes ».
La CMAS de même que la Synergie d’Action pour le Mali, coalition d’une trentaine de partis et formations de l’opposition, ont été dissoutes en mars et avril 2024 par le gouvernement. Preuve, selon l’organisation de défense des droits humains, qu’il y a une « répression accrue contre les droits humains » au Mali depuis le début de 2024.
« Les autorités doivent respecter et protéger les droits à la liberté d’expression, d’association et de participation aux affaires publiques », estime la directrice régionale d’Amnesty International.
La dizaine de responsables politiques écroués en juin 2024 avaient signé une déclaration, le 31 mars 2024, pour demander aux autorités militaires de préparer « une architecture institutionnelle » afin de tenir une élection présidentielle « dans les meilleurs délais ».
Le Mali vit sous un régime militaire depuis que l’armée a renversé le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta, le 20 août 2020. Les militaires auteurs du coup d’État, menés par le colonel Assimi Goïta, avaient d’abord installé comme président Bah Ndaw, un militaire (colonel) à la retraite. Bah Ndaw et son gouvernement ont ensuite été renversés en mai 2021 par un nouveau putsch sous la direction du colonel Goïta qui, depuis lors, dirige le Mali.
Sous la pression de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’élection présidentielle était prévue initialement 18 mois après le coup d’État militaire de 2021.
Renvoyée à décembre 2021 puis à mars 2024, la fin de la transition devra désormais attendre « jusqu’à la stabilisation du pays », d’ici deux à cinq ans, selon les conclusions d’un « dialogue inter-Maliens » tenu en mai 2024.
IB-FD/ts
Voulez-vous réagir à cet article ou nous signaler une erreur ? Envoyez-nous un message à info(at)ouestaf.com.