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Mariages précoces : cette faille du code de la famille qui profite aux pédophiles

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Ouestafnews – Les spécialistes s’accordent sur la nécessité de réviser le code de la famille au Sénégal dont l’absence d’harmonisation est la principale cause des mariages précoces qui touchent 32 % des filles de ce pays.

La priorité devrait aller vers « une harmonisation » de l’article 111 du code de la famille sur le droit des enfants pour mieux faire face aux mariages précoces au Sénégal, selon un officiel du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance.

« Nous sommes dans une loi qui dispose que la jeune fille peut se marier à 16 ans et le jeune garçon qu’à 18 ans. Il y a un souci d’harmoniser cette loi », a déclaré à Ouestaf News Niokhobaye Diouf, le directeur des droits de la protection de l’enfance et des groupes vulnérables au Sénégal.

Et M. Diouf de préciser que le gouvernement sénégalais a déjà ratifié les conventions internationales destinées à relever l’âge de mariage des filles à 18 ans.

Pour l’Ong Global Vision, certaines dispositions, notamment, l’âge minimum de mariage qui est fixé à 16 pour les filles et 18 ans pour les garçons (article 111 du code de la famille au Sénégal) sont « discriminatoires à l’encontre des filles ».

« Cette disposition ne favorise pas l’égalité entre filles et garçons », a souligné l’Ong, dans un rapport. Le Premier ministre sénégalais, Mahamed Dionne, a indiqué que les mariages précoces concernent 32 % des filles au Sénégal.

La convention des Nations unies relatives aux droits de l’enfant (CRC) note que l’âge du mariage doit être de 18 ans pour les filles et les garçons. Et selon les Objectifs de développement durable (ODD) adoptées en 2015, les mariages d’enfant doivent être éliminés ainsi que toute forme de violence, de maltraitance et d’exploitation des enfants avant 2030.

« Nous avons un code de l’enfant à 18 ans. Nous avons aussi un cadre de coordination et de planification. Maintenant, nous attendons la finalisation du plan d’action afin d’abord de le partager avec l’ensemble des acteurs du secteur, ensuite de pouvoir le mettre en œuvre avec l’appui des bailleurs de fonds mais aussi une implication forte de l’Etat en termes de financement», a souligné M. Diouf.

Ailleurs en Afrique de l’Ouest

Au Burkina Faso, le mariage précoce et forcé est également interdit mais d’une « manière inadéquate et discriminatoire », selon un rapport (publié en 2016) d’Amnesty International consacré à ce pays et intitulé : « Contraintes et privées de droits : mariages forcés et barrières à la contraception au Burkina Faso ».

« L’âge minimum légal pour le mariage est de 21 ans pour les hommes et 17 ans pour les femmes » lit-on dans ce rapport qui déplore le fait que cette loi ne s’applique uniquement que pour les « mariages enregistrés par l’Etat (mariages enregistrés à l’état-civil), pas aux mariages traditionnels et religieux ».

« Il est crucial que le gouvernement (burkinabè) respecte les droits qu’ont les jeunes filles de prendre leurs propres décisions concernant leur corps, leur vie et leur futur », estime Alioune Tine, le directeur régional de l’Afrique de l’Ouest et du centre d’Amnesty International.

« Les engagements récents en faveur de l’élimination du mariage des enfants sont encourageants, mais tant que ces promesses ne seront pas une réalité quotidienne, des jeunes filles en paieront le prix » ajoute-t-il, cité dans le rapport de son organisation

Au Niger, l’âge requis par la loi pour le mariage est de 15 ans pour les jeunes filles. Mais, elles sont souvent mariées à 12 ans, selon une note du Fonds des nations unies pour l’enfance (Unicef).

Le Niger est, note l’organisation, le pays le plus touché par les mariages précoces avec 76 % des filles mariées avant leurs 18 ans.

Au Mali, « l’âge légal du mariage est de 18 ans pour les hommes et de 16 ans pour les femmes. Par ailleurs, dans certains cas, le mariage peut être autorisé à partir de 15 ans », mentionne le code de la famille. Dans ce pays, la prévalence des mariages précoces est estimée à 55 %.

Du 23 au 25 octobre 2017, plusieurs acteurs venus d’Afrique de l’ouest et du centre et engagés dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants, se sont réunis à Dakar pour une rencontre axée sur les possibilités de l’éradication des mariages précoces.

Selon les organisateurs de cette rencontre, dans le monde les mariages précoces concernent 15 millions de filles. L’Afrique de l’ouest et du centre est la seconde région au monde la plus touchée par le phénomène, après l’Asie du sud.

ON/ad

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