La mise en place de e fonds aura été la principale décision de Malte, sommet où une soixantaine de chefs d’Etat européens et africains ont pris part du 11 au 12 novembre 2015. Première source d’inquiétude : aucune indication n’a été fournie sur le dispatching de ce montant destiné au continent que les migrants fuient davantage pour des questions économiques, relèvent les spécialistes et observateurs de la question.
Pour Boubacar Sèye, président de l’organisation de défense du droit des migrants, « Horizon sans frontières », Malte constitue une « insulte faite à la dignité humaine ». La mise en place du fonds, constitue un « monnayage » de la question migratoire, selon le président de HSF qui dénonce aussi « la complicité » des chefs d’Etats africains.
« Alors que l’Union européenne prend des initiatives, en Afrique le sujet est plutôt tabou mais il a fallu qu’on annonce des milliards pour que nos dirigeants se ruent vers Malte », déplore M. Seye.
L’aide économique promise par l’U.E, par ailleurs jugée insuffisante par le président en exercice de la Communauté économique de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), le Sénégalais Macky Sall, constitue pour beaucoup un raccourci qui ne viendra pas à bout du problème migratoire.
« Il s’agit surtout de savoir si les 28 pays de l’U.E ont les moyens de mettre 1,8 milliard d’euros à la disposition des Africains, quand on sait que beaucoup de ces pays sont réticents à cette idée ? », notait le quotidien privé malien, « 22 septembre ».
L’Afrique endeuillée
Jusqu’aux premiers mois de l’année 2015, le naufrage de Lampedusa, aux larges des côtes italiennes, avec ses 366 morts restait le plus grand drame migratoire recensé entre l’Europe et l’Afrique. Entre temps la situation a empiré, donnant raison à des observateurs qui prédisaient le pire.
Le 12 avril 2015, un naufrage de migrants africains aux larges des côtes italiennes faisant pas moins de 400 morts et disparus. Pour la seule année 2015, plus de 1776 migrants ont péri dans la traversée de la Méditerranée qui constitue le couloir de migration le plus meurtrier au monde, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). D’après cette dernière, depuis 2.000 pas moins de 22.000 migrants sont morts en tentant de gagner l’Europe via la Méditerranée
« Pour la plupart des 232 millions de personnes concernées, la migration constituent avant tout l’opportunité d’une vie meilleure pour elles et leurs familles », déclarait Wiliam Lacy Swing le directeur général de l’OIM, en introduction d’un rapport sur les drames de la migration titré en anglais « Fatal journeys » publié en mars 2015.
Que veut l’UE au fait ?
L’U.E de l’avis de M. Seye est dans une logique de fermeture de ses frontières. « Sa politique vise au fond à maintenir « les migrants et les demandeurs d’asile en dehors de ses frontières, ce qui est une violation des droits humains et aussi une violation de la convention de Genève de 1951 sur les droits des réfugiés », estime le président d’HSF.
Avec les attentats terroristes qui ont secoué la capitale française, le 13 novembre 2015, la question migratoire peut s’en trouver affectée. HSF tout en condamnant, ce qui s’est passé à Paris craint toutefois un amalgame entre terrorisme et migration.
« Ensemble, refusons la stigmatisation, la politique des barricades et le repli sur soi, la voie de l’avenir pour nous, c’est celle de la collaboration et des partenariats », a déclaré à Malte le président en exercice de la Cedeao, Macky Sall. Un appel qui a peu de chances d’être entendu, face à une Europe qui résolument a pris l’option de se barricader.
Pour HSF, l’U.E doit changer de type de coopération en misant sur des « stratégies allant dans le sens de la création d’emploi dans des secteurs porteurs comme l’agriculture ».
Voulez-vous réagir à cet article ou nous signaler une erreur ? Envoyez-nous un message à info(at)ouestaf.com.