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Niger : la presse victime collatérale de la guerre contre Boko Haram

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Depuis, le 18 mai 2015, Moussa Tchangari, journaliste mais également secrétaire général de l’ONG Alternative Espaces Citoyens Niger (AEC) est en détention préventive.

Après une longue période de silence sur cette affaire, le gouvernement nigérien à fini par se prononcer sur cette arrestation à travers une sortie du ministre de l’Intérieur Hassouni Massaoudou.

Ce dernier a accusé M.Tchangari de « collaboration » avec Boko Haram. « Depuis un certain temps ce monsieur collabore avec Boko Haram (…) et il mène une propagande active pour propager de fausses nouvelles en lien avec Boko Haram», a soutenu, le ministre Hassoumi Massaoudou.

Une allégation rejetée par les professionnels des médias nigériens dont certains se sont confiés à Ouestafnews, dans des échanges d’emails. Ces sources estiment que le gouvernement mène une campagne pour réduire au silence les « mal-pensants » à propos de sa campagne militaire contre la secte Boko Haram.

Durant une perquisition effectuée le 25 mai 2015 au domicile de Tchangari, Bonferey TV, une télévision privée locale qui filmait l’opération a vu sa caméra confisquée par la police a notamment appris Ouestafnews.

Le Niger a déjà payé un lourd tribut à la lutte contre Boko Haram avec une cinquantaine de ses soldats tués, le 25 avril 2015 lors d’une attaque de la secte dans l’île de Karamga sur le lac Tchad.

En plus de Moussa Tchangari, Nouhou Arzika, une autre figure de la société civile est également placé depuis le 24 mai 2015, en garde à vue pour « atteinte à la défense nationale ».

Selon beaucoup d’acteurs locaux, la misère faite à ces deux figures de la société civiles, est une réponse à leurs positions très critiques vis-à-vis du gouvernement et de son engagement dans la lutte contre la secte nigériane.

La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a sur son site Internet juge « arbitraire » l’arrestation de Moussa Tchangari et fait remarquer que celle –ci intervient seulement quelques jours après la publication par AEC de rapports de veille citoyenne sur la situation humanitaire et les droits humains dans la région (frontalière du Nigeria) de Diffa, foyer d’impact de la guerre contre Boko Haram.

Avec une superficie de 156 906 km2, cette région située à l’extrême Est du pays, est sous état d’urgence, plusieurs fois renouvelé depuis février 2015. Plusieurs voix se sont élevées pour y dénoncer une situation humanitaire et sécuritaire désastreuses.

Avec une contribution annoncée de 750 soldats, le Niger aux cotés du Nigeria, du Tchad, du Cameroun et du Bénin, fait partie de la force multinationale mixte (8700 soldats) qui affronte actuellement les insurgés de Boko Haram dans le bassin du lac Tchad.

Les opérations menées par ces groupes ont permis de libérer plusieurs otages et de sérieusement réduire la force de frappe de la secte sans toutefois l’anéantir complètement.

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