Le président Obasanjo sera à la tête d’une délégation conjointe Union africaine (U.A)- Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avec comme mission principale l’observation du processus électoral, mais aussi et surtout de ramener la sérénité et instaurer le dialogue, dans un pays au bord de l’implosion.
L’opposition refuse la validité de la candidature d’Abdoulaye Wade à cette présidentielle, qu’elle juge illégale. Le président, lui, clame que le Conseil constitutionnel (dont il nomme les membres) a validé sa candidature, et que donc légalement plus rien ne s’oppose à cette candidature.
Depuis c’est la guerre des tranchées entre les deux camps et la mission conjointe UA-Cedeao devra, en moins d’une semaine, tenter de sauver le pays du chaos qui le guette.
Entre temps, le discours s’est radicalisé de part et d’autre. Réconfortée par le soutien d’une large partie de la société civile et d’une jeunesse en quête d’une nouvelle espérance, une bonne partie de l’opposition affirme désormais, qu’au-delà de la date du scrutin (fixé au 26 février 2012), elle ne reconnaîtra plus le président sortant.
De son côté, ce dernier continue sa campagne électorale à l’intérieur du pays, comme si de rien n’était, faisant peu cas des actes de violences ayant déjà fait plusieurs morts et de la vigoureuse campagne engagée contre lui par ses détracteurs à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
Pour garder ses arrières, ses porte-parole vont au front et diabolisent à outrance l’opposition, accusée de vouloir installer le chaos.
«Cette affaire de deuxième ou troisième mandat n’est pas à mes yeux un débat» , a ainsi réaffirmé le président Abdoulaye Wade selon des propos cités par un site Internet local et relayés par l’Agence de presse sénégalaise (APS, officielle). Wade qui avait qualifié les manifestations contre son régime de « brise », commence néanmoins à sentir l’ampleur de la colère populaire. Au point que ces partisans ont dû passer à l’offensive pour à leur tour diaboliser l’opposition, accusée de vouloir coûte que coûte faire sombrer le pays dans la violence.
S’adressant à la presse, un des conseillers du chef de l’Etat, Serigne Mbacké Ndiaye, n’a pas hésité à accusé un des chefs de l’opposition (qu’il n’a toutefois pas nommé), de recruter des « anciens militaires pour installer le chaos dans le pays ». M. Ndiaye affirme que cet «opposant qui comme les autres ne veut pas aller à l’élection présidentielle, a recruté « 200 anciens militaires dirigés par un ancien colonel ».
Ces accusations ont fait rire une partie de l’opinion mais a relancé le débat sur la présence de mercenaires dans le pays, que ce soit pour le compte de l’Etat ou pour le compte de l’opposition.
Celle-ci, profitant du mécontentement populaire s’est revigorée et défie à présent le pouvoir jusque dans ces « décisions ».
Ainsi, à plusieurs reprises, des leaders de l’opposition soutenus par des jeunes ont bravé l’interdiction de manifester à la Place de l’Indépendance (en plein centre la capitale sénégalaise) pour affronter les services de sécurité. Des affrontements, qui le dimanche 19 février 2012, ont viré à la guérilla urbaine avant de s’étendre à tout le pays.
Le jour même de l’arrivée de l’ex-président Obasanjo à Dakar, l’opposition prévoit une nouvelle fois de manifester à la même Place de l’Indépendance, en dépit d’un communiqué du ministère de l’Intérieur publié tard la veille rappelant à tous, que les manifestations sur ce lieu sont interdites. De quoi nourrir à nouveau la confrontation qu’Obasanjo a en charge de faire éviter.
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