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Sécurité maritime : sans charte «contraignante», le sommet de Lomé «sera un échec» (Expert)

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Ouestafnews – Dans un passé récent, le Togo faisait encore partie partie des pays encourageant la pêche illégale selon l’OMI, qu’est-ce qui a changé en si peu de temps au point qu’un tel sommet puisse s’y tenir?

Barthélémy Blédé – L’Organisation maritime internationale (OMI) et l’Union européenne (UE) accusaient effectivement le Togo d’encourager la pêche illicite non déclarée et non réglementée parce que des navires battant son pavillon (un pavillon de libre immatriculation) étaient impliqués dans cette activité. Les autorités togolaises ont décidé, selon elles-mêmes, de radier de ce pavillon, que certains considèrent comme un pavillon de complaisance, les navires de pêche appartenant à des étrangers. Elles n’autoriseraient plus la naturalisation des navires de pêche étrangers. Le problème est que des navires battant pavillon togolais continuent d’être arraisonnés à l’étranger pour des activités illicites. Je précise que la naturalisation et l’immatriculation desdits navires se font en Grèce et non au Togo. Ces navires ignorent le port de Lomé, n’embauchent pas de marins togolais, et aucun inspecteur togolais ne connaît leur état de navigabilité. Pour revenir à votre question, il est à noter que depuis au moins trois ans le Togo affiche une volonté politique au plus haut niveau de l’État en faveur de la sûreté et de la sécurité maritimes. Ses eaux portuaires attirent plusieurs navires fréquentant la région. Ce pays mérite donc d’accueillir un tel événement. Ce serait l’occasion de relever les défis qui continuent à se poser à son secteur maritime.

Ouestafnews – Quels sont les enjeux de ce sommet pour le Togo et aussi pour le continent ?

Barthlémy Blédé – L’organisation du Sommet pourrait encourager le Togo à relever certains défis qui se posent à son secteur maritime. Notamment, il pourrait chercher à résoudre le problème de ses pêcheurs artisanaux qui se plaignent du long séjour des navires dans la rade extérieure du port de Lomé. En effet, ces navires attirent les poissons et en rajoutent à la pauvreté des eaux maritimes du pays en produits halieutiques. Le Togo pourrait aussi améliorer ses structures maritimes comme la direction des affaires maritimes qui ne compte qu’un seul inspecteur technique de navires. Au-delà du maritime, cet événement soignera forcément l’image du Togo au niveau international. Au niveau du continent, ce sera la première grande activité de l’Union africaine au niveau maritime depuis l’adoption en 2014 de la stratégie africaine intégrée des mers et des océans à l’horizon 2050. Le Sommet pourrait constituer le véritable point de départ des activités maritimes de la commission (après le lancement de la journée africaine des mers et des océans, et de la décennie 2015-2025 comme celle de la mer). Elle gagnerait, après cette grande rencontre, à rendre pleinement opérationnel son département chargé des affaires maritimes.

Ouestafnews – La charte de Lomé que les autorités veulent faire adopter lors de cette rencontre peut-elle être une soupape de sécurité ?

BB – Un texte ne vaut que par son contenu et sa mise en œuvre effective par ceux qu’il régit.

Ouestafnews – Ce texte, ces promoteurs le veulent contraignant, ne faut-il pas solutionner d’abord certains différends frontaliers maritimes comme celui existant entre Ivoirien et Ghanéens ?

BB – Le problème de la délimitation des frontières maritimes entre pays côtiers africains se pose mais je ne pense pas qu’il soit un frein à l’adoption de la charte de Lomé. Au contraire, si les États africains acceptent d’être soumis à un même traité sur les questions de sûreté et de sécurité maritimes, ils devraient aussi accepter de trouver des solutions à l’amiable aux problèmes qui les opposent.

Ouestafnews – Ce rendez-vous sera-t-il un échec si cette charte n’est pas adoptée avec ses dispositions contraignantes ?

BB – C’est mon point de vue. Si les Africains sortent de cette rencontre qui est attendue par la communauté internationale depuis deux ans sans la signature d’une charte contraignante, elle ne serait pas une réussite. Nous avons déjà connu au niveau du golfe de Guinée le sommet de Yaoundé de 2013 qui a produit un code de conduite sans valeur juridique contraignante. Ce texte était supposé être actualisé en juin de cette année et devenir contraignant. Il semble avoir été oublié.

 


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