Ouestafnews – l’Organisation Internationale de Police criminelle (Interpol) a mené une vaste opération de lutte contre la cybercriminalité en Afrique, aboutissant à l’arrestation de plusieurs suspects et à la saisie de milliers d’appareils électroniques. L’action s’est déroulée entre novembre 2024 et février 2025. Elle a principalement ciblé des pays de l’Afrique de l’Ouest.
Plus de 300 suspects arrêtés et près de 2 000 appareils électroniques saisis. C’est le résultat de l’opération d’envergure d’Interpol en Afrique de l’Ouest. L’organisation internationale a déclaré que l’opération, baptisée « Red Card » (Carton Rouge), visait à démanteler des réseaux criminels transnationaux.
Dans un communiqué du 24 mars 2025, consulté par Ouestaf News, Interpol annonce que les mis en cause sont « responsables d’escroqueries par voie électronique, notamment les fraudes aux services bancaires mobiles, aux placements financiers et aux applications de messagerie ». Ils ont fait plus de 5 000 victimes sur le continent au cours de cette période, soulignant ainsi l’ampleur du fléau.
« Red Card » a permis une coordination entre les forces de l’ordre des sept pays d’Afrique et Interpol visant « à perturber et à démanteler les réseaux criminels transfrontaliers qui causent des dommages importants aux particuliers et aux entreprises », selon le document.
Les pays d’Afrique de l’Ouest, qui représentent quatre des sept pays visés par ce coup de filet, sont les plus touchés. Selon l’organisation, au Nigéria, les autorités ont arrêté 130 personnes, dont 113 ressortissants étrangers, impliquées dans des « fraudes complexes liées aux casinos en ligne et aux investissements douteux ».
Ces criminels utilisaient des actifs numériques pour blanchir l’argent extorqué et opéraient dans plusieurs langues pour « maximiser leur portée ». Parmi les saisies, figurent 26 véhicules, 16 maisons, 39 terrains et 685 appareils électroniques.
Le Bénin et la Côte d’Ivoire n’ont pas été épargnés. Leurs forces de sécurité ont démantelé des « groupes spécialisés dans les escroqueries aux faux placements et aux arnaques bancaires ». Des individus se faisant passer pour des investisseurs promettaient des rendements attractifs avant de « disparaître avec l’argent des victimes », souligne l’organisation.
Dernier pays de la région concerné, le Togo, où la cybercriminalité prenait une autre forme avec la fraude à la carte SIM. Selon Interpol, les criminels utilisaient des SIM Box pour convertir les appels internationaux en appels locaux, facilitant des attaques massives de « phishing » par SMS. Ce stratagème permettait de tromper des milliers de victimes en leur faisant croire qu’elles interagissaient avec des organismes officiels, explique la même source.
Le « phishing » (ou hameçonnage, en français) est une technique d’escroquerie en ligne utilisée par des fraudeurs pour obtenir des renseignements personnels dans le but de perpétrer une usurpation d’identité.
L’opération « Red Card » a permis à l’organisation internationale de mettre en lumière plusieurs méthodes de cybercriminalité toujours plus élaborées. Parmi elles, le piratage de téléphones par l’envoi de liens malveillants. En cliquant sur ces liens, les victimes installaient à leur insu des logiciels espions permettant aux criminels d’accéder à leurs comptes bancaires et de les vider en quelques clics.
Ce type d’attaque a été particulièrement répandu au Bénin et en Côte d’Ivoire, où des centaines de personnes ont été escroquées, indique l’organisation.
Autre technique employée : l’ingénierie sociale. Selon Interpol, des cybercriminels se faisaient passer pour des employés de télécommunications ou des membres de la famille des victimes afin de leur soutirer des informations sensibles. Cette tactique a été largement utilisée au Nigéria et au Togo, causant des pertes financières considérables.
En dehors des pays d’Afrique de l’Ouest, le Rwanda, l’Afrique du Sud et la Zambie sont également concernés par l’opération « Red Card ».
Le directeur chef de la direction de la cybercriminalité d’Interpol, Neal Jetton, a salué cette collaboration. Selon lui, elle démontre « l’efficacité de la coopération internationale dans la lutte contre la cybercriminalité ». Il estime qu’elle « ne connaît pas de frontières et peut avoir des effets dévastateurs sur les individus et les communautés ».
Cette opération fait écho à l’intervention d’Interpol en 2024 contre les réseaux criminels en Afrique de l’Ouest. L’opération « Jackal III », menée d’avril à juillet dans 21 pays, avait conduit à l’arrestation de 300 suspects, dont des membres du groupe notoire Black Axe, un groupe « criminel » parmi les plus nocifs dans la région ouest-africaine, selon Interpol.
Face à l’essor inquiétant de la fraude financière dans la région, Interpol, présent dans 196 pays, avait déjà insisté sur la nécessité d’une coopération internationale renforcée pour lutter efficacement contre ces menaces transnationales.
HD/md
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