Ouestafnews – La forte croissance économique qu’a connue l’Afrique de l’Ouest ne permet pas, pour l’instant, la création d’emplois productifs, dans un contexte de pauvreté, avertit la Banque africaine de développement (BAD), dans un nouveau rapport.
«Bien que la croissance de l’Afrique de l’Ouest ait été impressionnante, elle découle en grande partie de l’augmentation de la production de produits à base de matières premières, qui ne crée pas d’emplois productifs et peut conduire à une croissance sans emploi », lit-on dans le rapport «Perspectives économiques africaines 2018», publié le 13 mars 2018.
Le taux de croissance est souvent mis en avant par les gouvernements comme gage de leur performance.
En Côte d’Ivoire et au Sénégal, les prévisions de la BAD donnent respectivement, 7,9% et 7% en 2018. Au Ghana, la croissance va tourner autour de 8%, d’après la Banque mondiale.
Face à cette « croissance sans emploi », l’Afrique de l’Ouest reste plus que jamais confrontée au défi de la pauvreté dont le taux ressort à 46%.
Pour les auteurs de ce rapport, «l’élasticité de l’emploi par rapport à la croissance est essentielle à la réduction de la pauvreté, indépendamment de la croissance économique».
Une « faible élasticité », selon la BAD, peut expliquer une réduction limitée de la pauvreté en Afrique de l’Ouest comme c’est le cas actuellement au Nigeria, la première économie du continent africain.
L’impératif de l’industrialisation
Dans son rapport, la BAD distingue la croissance intra-sectorielle et la croissance intersectorielle, deux composantes qui permettent de déterminer la productivité du travail.
«La croissance de la productivité intersectorielle indique une transformation structurelle essentielle à la performance économique à long terme, y compris la capacité de réduire la pauvreté et de créer des emplois décemment rémunérés», explique-t-on dans le rapport.
Or, la productivité de l’Afrique de l’Ouest a progressé en moyenne de 3,1 % par an entre 2005 et 2016, avec un pic à 8,7 % en 2010 et a croissance était principalement intrasectorielle, menée par l’agriculture et les services.
L’apport «marginal» de l’industrie dans la croissance constitue aussi un problème pour les économies ouest africaines.
«Une industrie qui ajoute plus de valeur à l’agriculture et aux ressources naturelles est une nécessité pour créer de l’emploi et renforcer la croissance de la production », précise le document.
Une dizaine de pays de l’Afrique de l’Ouest ont enregistré un taux de croissance supérieur à 5% en 2017. Une tendance qui devrait se poursuivre avec le redressement du Nigeria qui a beaucoup souffert de la chute des prix du baril de pétrole.
MN/ad
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