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Mali-CPI : la FIDH regrette la non-condamnation pour crimes sexuels d’Al Hassan, ex-chef de police islamique

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Ouestafnews – La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) « regrette » la non-condamnation d’Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud dit Al Hassan, un ex-chef de police islamique dans le nord du Mali, pour crimes liés au genre. L’ONG a exprimé son insatisfaction dans un communiqué publié après le prononcé du verdict et dont Ouestaf News a reçu une copie.

L’ancien commissaire de la police islamique à Tombouctou (nord du Mali) de 2012 à 2013 a été reconnu coupable et condamné pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI) le mercredi 26 juin 2024.

Même si elle qualifie le jugement rendu par la CPI de « victoire pour les victimes », la FIDH a exprimé sa préoccupation quant à la non-prise en compte des crimes sexuels dont est accusé le « chef terroriste ».  

Dans sa décision, la Cour a estimé qu’il n’y avait pas assez de preuves permettant de lier à l’accusé des crimes comme le mariage forcé, les viols et l’esclavage sexuel. Une position qui n’est pas du goût des défenseurs des droits humains et des victimes des agissements de l’ancien commissaire de la police islamique. 

Al Hassan a été présenté comme membre présumé d’Ansar Dine, groupe associé à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Il aurait rejoint Ansar Dine début 2012 avant de devenir l’interprète et l’administrateur de la police islamique à Tombouctou entre 2012 et 2013, période pendant laquelle le nord du Mali a été sous occupation de groupes armés islamistes.

Le mandat d’arrêt à l’encontre d’Al Hassan a été délivré par la CPI le 27 mars 2018 avant d’être remis à la juridiction internationale le 31 mars 2018. Son procès a été ouvert le 14 juillet 2020.

À l’annonce du verdict de la CPI, une survivante participant au procès, citée dans le communiqué de la FIDH, déplore le fait que « les actes ignobles » et les « souffrances » qu’elle-même et d’autres femmes de Tombouctou ont subis « avec la complicité d’Al Hassan » n’aient pu faire l’objet de condamnation.

La décision d’écarter des crimes sexuels apparaît, selon cette femme, membre d’une organisation locale de victimes, comme un précédent dangereux car pouvant  encourager « la commission de crimes sexuels au Mali et ailleurs ».

De nombreuses survivantes de ces crimes sont victimes aujourd’hui d’abandon par leurs conjoints, mais aussi de stigmatisation, de marginalisation et de manque de revenus, entre autres, souligne la FDIH.

Selon Me Drissa Traoré, secrétaire général de la FIDH, le verdict de la CPI est un progrès important dans la « quête de justice » des victimes face à « l’indifférence », au « déni de justice » constatés à leur égard au Mali depuis plus de 12 ans, et à « l’urgence de mettre en place des mesures de réparation ».

L’organisation déplore la poursuite au Mali d’exactions commises, cette fois-ci, par les groupes armés extrémistes et des milices communautaires. Elle met en garde les auteurs que leurs forfaits pourraient faire l’objet d’enquêtes du Bureau du Procureur de la CPI si l’État malien continuait de faillir à son obligation de rendre justice aux victimes.

Par ailleurs, la FIDH dit « saluer » le mandat d’arrêt lancé le 21 juin 2024 contre Iyad Ag Ghaly, chef de groupe islamiste armé, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Ce responsable djihadiste est recherché par la Cour pénale internationale pour des crimes commis dans le nord du Mali entre janvier 2012 et janvier 2013.

IB-FD

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