Le président burkinabé s’exprimait à l’ouverture d’une réunion ministérielle UE-ACP qui se tient à Ouagadougou.
La négociation des APE, qui aurait due être finalisée depuis décembre 2007, n’a toujours pas abouti, en dépit d’importantes pressions de l’U.E sur les pays Africains. En cas de signature, ses accords devraient régir les relations commerciales entre l’U.E et les pays ACP.
En Afrique de l’Ouest, des divergences persistantes, ont bloqué la signature des APE qui étaient négociés par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pour le compte de la sous-région.
Les APE « doivent avant tout, permettre aux pays ACP de bâtir des économies viables et de développer des capacités de production et d’exportation afin de tirer le maximum de profit de l’ouverture du marché européen », a réaffirmé le président Compaoré, qui a aussi plaidé pour que ces accords, une fois signés, renforcent « les sous ensembles économiques régionaux existants ».
En Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire et le Ghana, pourtant tous deux membres de la Cedeao, avaient accepté de signer des accords dits « intérimaires », suite aux fortes pressions de l’U.E qui menaçait de leur fermer son marché.
Ces accords « intérimaires », signés de manière isolée par ces deux Etats, avaient fait l’objet de vives critiques en Afrique de l’ouest, surtout de la part des organisations de la société civile.
Parmi les autres questions cruciales à régler avant que les APE ne puissent être acceptables pour l’Afrique et les pays ACP de manière générale, figurent notamment, ce que le président burkinabè a appellé le « principe d’engagement asymétrique en matière d’ouverture des marchés, qui permette aux pays ACP de protéger leurs marchés ainsi que leurs chances d’industrialisation » ainsi que « l’introduction d’une période transitoire suffisamment longue pour permettre l’adaptation progressive des économies des pays ACP au nouvel environnement commercial ».
Selon plusieurs analystes, les APE, signés dans leur forme actuelle auraient pour première conséquence la destruction totale du tissu industriel africain, déjà très faible avant de priver certains Etats de recettes douanières, qui constituent pour certains pays, une composante essentielle de leur budget.
Les pays ACP réclament aussi « une réduction, à défaut d’une élimination totale des barrières tarifaires et non tarifaires qui freinent l’accès des marchés de l’Union Européenne aux produits en provenance des pays ACP » et enfin le « rétablissement d’une concurrence loyale dans les échanges commerciaux mondiaux, par la suppression des subventions, notamment agricoles, octroyées par les pays de l’Union (européenne) à leurs producteurs ».
Là où les institutions financières internationales interdisent aux pays africains de subventionner leurs agriculteurs, au nom du libéralisme et de la non intervention de l’Etat, les USA et l’Europe, font grandement recours à ces pratiques pour soutenir leurs producteurs.
Depuis leur indépendance acquise en 1960 pour la plupart, les pays africains ont, de manière générale, toujours signé les accords qui leur ont été proposés, par l’Europe, continent des anciennes puissances coloniales, sans trop de résistance.
Seuls les APE ont connu une si longue période de négociation, qui a vu l’Afrique exiger que ses points de vue soient pris en compte.
Une telle fermeté, selon les analystes africains, a été rendue possible par l’émergence de nouvelles élites, et surtout par la multiplication de « l’offre » en matière de coopération internationale, due notamment à l’arrivée sur la scène interntionale d’un groupe de nouveaux acteurs. Ce groupe est composé essentiellement des pays émergents que sont le Brésil, la Chine l’Inde, les pays arabes du Golfe, etc., dont la percée et la présence en Afrique inquiètent sérieusement les pays européens.
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