Le constat a été établi par l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev-Afrique), au terme d’une étude présentée, ce jeudi 12 mai 2016 à Dakar.
« Dans un environnement social et culturel marqué par l’analphabétisme et l’illettrisme seules, 33,3% des structures observées disposent de panneaux d’orientations comprenant des images », explique Amadou Kanouté, le directeur exécutif de Cicodev. Selon lui, l’accueil est important dans la mesure il constitue « le premier maillon de la chaîne de soins ».
Menée entre octobre et décembre 2015, l’enquête a permis de mettre en exergue l’accueil classique (entrée et intérieur des structures), l’accueil des urgences, l’accueil des malades hospitalisés et le comportement du personnel de santé.
A cet effet, précise Cicodev, dans 22% des structures observées le guichet n’était pas identifiable, alors que dans le poste de santé du quartier Diamagueune à Saint-Louis (Nord) il n’en dispose même pas.
L’étude qui entre dans le cadre d’une campagne pour la « pérennisation de la Couverture maladie universelle » a porté sur 27 structures hospitalières réparties dans 10 localité du pays, allant de la capitale Dakar à Ziguinchor (Sud).
L’autre point sur lequel a porté l’enquête de Cicodev, c’est le niveau d’insalubrité dans les structures : 18,5% des hôpitaux, centres et postes de santé n’étaient pas propres au moment de la visite des enquêteurs, notamment les centres de santé de Tambacounda et de Saint-Louis. Dans 29 % des structures, les enquêteurs affirment avoir été accueillis par les mauvaises odeurs.
Manque de professionnalisme ?
Selon les résultats de l’étude, 54% des agents d’accueil interrogés ont déclaré n’avoir pas reçu une formation en accueil d’où de fréquents problèmes avec les patients et accompagnants de malades, d’autant que 34% des sondés dans ce groupe affirment s’être disputés au moins une fois avec le personnel d’accueil à qui ils reprochent essentiellement un « mauvais comportement ».
La mauvaise qualité de l’accueil dans les structures de santé, reste dissuasif pour certains, puisque 32,5% des patients/accompagnants enquêtés avoue leur crainte par rapport à cette situation.
Au Sénégal, la faible qualité de l’accueil d’urgence a aussi produit des drames, beaucoup de cas de femmes mortes en couches ont été répertoriés ces dernières années. Le cas de Ndeye Fama Lo, est le dernier en date. Dans la nuit du 20 au 21 Mars 2016, cette dame enceinte a fini par perdre son bébé, faute de place et d’un gynécologue présent alors qu’elle a visité cinq structures de santé de Dakar.
l’Etat ne respecte pas ses engagements
Pourtant, en 2014, le ministère de la Santé avait recommandé à tous les hôpitaux la mise en place d’un guichet d’accueil d’urgence.
Pis, souligne, le directeur de Cicodev, « le Sénégal à l’instar de beaucoup de pays de la sous- région (dispose d’un) texte sur la régulation pour la prise des références des urgences mais il n’est pas appliqué ».
« L’accueil est un facteur extrêmement important dans la mise en œuvre de la CMU », a explique Amadou Kanouté qui précise qu’il est une composante du paquet de services auquel le patient à droit dans le cadre de la couverture maladie.
Une des principales promesses de l’actuel président du Sénégal, la Couverture maladie universelle a démarré sa mise en œuvre en octobre 2013 avec comme objectif principal un taux de couverture de 75% d’ici 2017. En novembre 2015, un bilan à mi-parcours établi par l’Agence nationale de la couverture maladie universelle (ANCMU) donnait un taux de couverture nationale de seulement 32%.
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