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Sénégal : traque à l’étranger des biens publics spoliés

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A l’intérieur même du pays, une série d’auditions est en cours pour entendre ces dignitaires, soupçonnés pour la plupart de s’être enrichis de manière illégale avec l’argent public.

Pour retrouver les fonds spoliés, le gouvernement sénégalais a demandé l’appui de l’Initiative Stolen Assets Recovery (Star) de la Banque mondiale et l’Organisation des Nations-unies contre la drogue et le crime (Onudc) afin de rapatrier les fonds publics que des dignitaires de l’ancien régime auraient indûment placés à l’étranger.

« Les autorités veulent que ces institutions les aident à recouvrer les biens publics spoliés », écrit le quotidien national le Soleil qui cite des sources du ministère sénégalais de la Justice. Pour parvenir à ses fins, le gouvernement du nouveau président Macky Sall a aussi demandé « l’appui des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne », ajoute la même source.

L’initiative Star a été créée il y a cinq ans « en vue d’aider les pays en développement à recouvrer plusieurs milliards de dollars en avoirs volés », selon la Banque mondiale qui précise sur son site Internet que « les dirigeants corrompus des pays pauvres détournent chaque année jusqu’à 40 milliards de dollars, et mettent ces avoirs volés en sûreté dans des pays étrangers ». Le Nigéria a eu recours à ce procédé qui lui a permis de récupérer une partie des fonds volés par le régime du défunt Général Sani Abacha.

Le président du Sénat, Pape Diop, quelques ministres et dirigeants d’entreprises publiques ont été les premiers a passer devant les enquêteurs sur une longue liste d’anciens responsables qui comprend aussi le fils de l’ex-président Karim Wade.

Au début du mois de mai, une organisation de la société civile sénégalaise dénommée le Forum civil, avait jeté un pavé dans la marre en accusant l’ancien régime, d’avoir caché dans les pays du Golfe, une somme de plus 430 milliards FCFA. Le président Wade a vivement démenti ces allégations, menaçant même de « porter plainte » contre le Forum civil.

La traque des présumés voleurs de fonds publics se fait à la faveur de la « réactivation » par le nouveau régime de la loi sur l’enrichissement illicite qui était en veilleuse depuis trois décennies.

Outré par la rapidité avec laquelle la classe politique s’enrichit, l’opinion public sénégalaise, en tête les organisations de la société civile réclame, de façon insistante des audits pour faire la lumière sur la gestion de l’ancien régime, caractérisé par de forts soupçons de corruption. En mai 2011, Madame Marciat Bernicat, alors ambassadrice des Etats-Unis à Dakar, et l’ex-président Wade ont frôlé l’incident diplomatique après  la publication, par la diplomate d’une lettre sur la corruption dans le pays.

Deux mois après la prise du pouvoir par Macky Sall, le débat public reste focalisé autour de la corruption et de l’enrichissement illicite de la plupart des dirigeants sénégalais.

D’un côté, sont visés beaucoup de responsables du défunt régime d’Abdoulaye Wade, qui a dirigé le pays ses douze dernières années. Mais les mêmes accusations et soupçons concernent aussi le nouveau pouvoir, dont la plupart des membres sont des dissidents du Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade. L’actuel chef de l’Etat, lui-même ancien du PDS, a occupé d’importantes fonctions (ministre, ministre d’Etat, premier ministre puis président de l’assemblée nationale) lorsque Wade était au pouvoir, faisant dire à ses adversaires que, pour être justes, les « audits » devraient aussi le concerner, lui et ses partisans.

La déclaration du « riche » patrimoine du nouveau président avait même suscité une forte polémique poussant ses ex-camarades au sein du PDS d’exiger qu’il s’explique sur son « immense » fortune.

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