Par AFP
Le 18 décembre à Bouaké (centre), fief des FN, une centaine de soldats ont créé la panique en tirant des coups de feu en l’air pour réclamer le versement d’une prime alimentaire, d’autant plus importante que nombreux d’entre eux devaient célébrer le lendemain la fête musulmane de l’Aïd el-Kébir.
Une semaine plus tard, c’était au tour des chasseurs traditionnels "Dozo" qui ont combattu ces dernières années aux côtés des FN pour demander, selon l’ex-rébellion, "d’être associés aux prises de décisions" du mouvement.
Mais la presse ivoirienne a plutôt expliqué que ces chasseurs, redoutés pour leurs supposés pouvoirs mystiques, souhaitaient surtout toucher des "primes de fin de guerre" dans le cadre du processus de désarmement lancé le 22 décembre par le président Gbagbo et le Premier ministre Guillaume Soro, chef des FN.
Ce processus prévoit notamment le regroupement et le désarmement des ex-combattants avec, à la clé, le versement d’une allocation forfaitaire mensuelle pendant trois mois, suivi d’une réinsertion, soit dans l’armée, soit dans la vie civile par le biais d’un "service civique".
"On est en plein dans une politique de surenchère: maintenant qu’on a lancé le désarmement, tout le monde va réclamer de l’argent", estime un expert militaire.
Une analyse que semble confirmer un autre accès d’humeur, cette fois parmi les miliciens pro-Gbagbo de l’Ouest. Une centaine d’entre eux ont réclamé jeudi et vendredi le versement du "filet de sécurité", une assistance financière qui avait commencé à être versée en 2006 pour leur réinsertion.
A ces tensions s’ajoutent de nombreuses rumeurs de coup d’Etat relayées par la presse locale, d’autant plus troublantes que les autorités ont elles-mêmes annoncé vendredi une mobilisation des forces de l’ordre après "des informations qui prévoient un sabotage du processus de paix".
De fait, de nombreux soldats lourdement armés ont été déployés à certains endroits stratégiques de capitale économique ivoirienne, tandis que la presse d’Etat multiplie depuis quelques jours les reportages sur le "bouclage" de la ville.
"Depuis le coup d’Etat de décembre 1999, les gens sont traditionnellement inquiets en fin d’année et voient des complots partout", explique de son côté un observateur militaire.
La peur du coup de force n’épargne pas non plus l’ex-rébellion qui a annoncé vendredi avoir déjoué un complot monté, selon elle, par un groupe de soldats issus de ses rangs. Dans les combats, le "cerveau du complot" a été tué et vingt autres rebelles capturés, selon les FN.
Ce supposé complot est d’autant plus troublant que le cerveau est présenté comme un proche de l’ancien sergent-chef putschiste, Ibrahim Coulibaly, "IB", qui a récemment annoncé son retour en Côte d’Ivoire pour la fin février.
Après avoir été l’un des fondateurs de la rébellion, il est aujourd’hui devenu pour les FN une sorte d’épouvantail, surtout depuis qu’il a fait savoir son intention d’être candidat à l’élection présidentielle de 2008.
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