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Afrique de l’Ouest : l’épineux cas Yahya Jammeh

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Ouestafnews – Manifestations politiques violemment réprimées, attaques contre la presse, querelle de voisinage avec le Sénégal… : la Gambie est, encore une fois au devant de la scène, suscitant l’inquiétude et des dénonciations devenues cycliques. Sans grand résultats, pour l’instant.Suite aux derniers soubresauts socio-politiques ayant entraîné l’arrestation d’opposants dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, un groupe de trois organisations internationales y a dépêché une délégation du 3 au 5 mai 2016, pour tenter d’apaiser les tensions. Au-delà de l’effet d’annonce, on attend d’en savoir les résultats concrets.

De son côté, profitant de la journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai de chaque année, l’Union des journalistes d’Afrique de l’Ouest (Ujao) a décerné à la Gambie le titre de pays « le plus hostile en Afrique » pour la pratique du métier de journaliste.

« Les 22 ans de règne de Yahya Jammeh en Gambie ne sont pas seulement synonyme de d’assassinat et d’exils pour les journalistes, mais ils constituent aussi un signe d’irrespect envers les leaders régionaux, comme le montre son refus d’appliquer les décisions émanant de la Cedeao » a affirmé Peter Quaqua, le président l’Ujao, cité dans un communiqué de son organisation.

La Cedeao est la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, une organisation régionale dont est membre la Gambie.

Dirigée depuis deux décennies par un régime autocratique sous la houlette de Yahya Jammeh, la Gambie traîne une mauvaise réputation dans le domaine de la liberté de la presse et de la liberté d’expression en général.

Le dernier épisode en date remonte au 14 avril 2016, lorsque les forces de l’ordre ont dispersé une manifestation pacifique d’opposants (qui réclamaient des réformes politiques, en prélude à la prochaine élection présidentielle prévue en décembre 2016) sous la houlette du Parti démocratique uni (UDP).

Un événement qui a aussi occasionné la mort de Solo Sandeng, le chargé de la propagande au sein de l’UDP, décédé entre les mains de la police.

Dépêchée conjointement par la Cedeao, l’Organisation des Nations unies (ONU) et l’Union africaine (UA), une délégation a séjourné à Banjul début mai 2016.

À l’issue de sa mission, cette délégation a invité le gouvernement gambien se conformer aux « standards démocratiques » en prévision du scrutin présidentiel et, surtout, à ouvrir une « enquête indépendante et crédible » afin de faire la lumière sur les évènements de la journée du 14 avril 2016.
Cette dernière requête avait déjà été formulée par des organisations de défense des droits de l’Homme, dont Amnesty International et Article 19.

Régime autocratique

Il s’agit là comme d’une répétition des mêmes doléances à chaque fois que les droits de l’Homme sont bafoués en Gambie, depuis l’arrivée au pouvoir de Yahya Jammeh. Cet ancien capitaine de l’armée a pris le pouvoir à la suite d’un coup d’État militaire en juillet 1994.

Depuis, il ne reste plus de l’image du jeune capitaine efflanqué, qui venait de mettre fin au régime de Dawda Jawara, que quelques subsides dans les mémoires.

Aujourd’hui, c’est emmitouflé dans des boubous immaculés, coiffé d’un bonnet, canne et chapelet autour du poignet, qu’il aime se présenter au public. À la fois chef d’État, médecin, professeur autoproclamé… sa personnalité versatile reste au centre du pouvoir et il tient le pays d’une main de fer.

Les multiples tentatives de coup d’État (réels ou supposés) qu’il affirme avoir déjouées l’ont poussé à installer un régime policier et répressif. En deux décennies de pouvoir, son bilan reste sombre, marqués par des emprisonnements, des meurtres extrajudiciaires, des arrestations arbitraires, des disparitions. Des crimes impunis avec les cas emblématiques du journaliste Ebrimah Manneh, disparu en 2006, et du journaliste Deyda Hydara, assassiné en 2004.

Pour donner une idée de l’ampleur de la répression, le journal privé sénégalais « Le Quotidien » écrit : « Déjà en 2012, le bilan était on ne peut plus macabre. Yahya Jammeh a commis nombre de crimes. Il a fait assassiner 26 soldats et agents de sécurité, fait disparaître mystérieusement plus de 17 personnes… »

Les Gambiens vivent tenaillés par « une peur palpable », comme le mentionnait Juan Mendez, le rapporteur spécial de l’ONU sur la Torture et les Traitements inhumains. Ils doivent aussi, désormais, faire à la menace de l’instauration d’un « État islamique », un projet annoncé avec grand éclat et dans la grande surprise par… Jammeh lui-même.


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