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Afrique de l’Ouest : où en est l’inclusion financière

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Ouestafnews – Malgré l’essor continu du mobile banking, l’inclusion financière, une des priorités de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) nécessite davantage d’effort en termes de législation et de mise en œuvre. Sur ce terrain les pays francophones d’Afrique de l’ouest semble bien trainer le pas car largement distancé par ceux d’Afrique de l’Est.

La Bceao qui sert de banque d’émission aux huit pays de l’union économique et monétaire ouest africaine s’est doté en 2016 d’une stratégie régionale d’inclusion financière.

Lire aussi : Accès aux services financiers, une responsabilité des Etats (Interview)

Dans ce document consulté par Ouestaf News, la Bceao se fixe un objectif global qui est «d’assurer sur un horizon de 5 ans, l’accès et l’utilisation d’une gamme diversifiée de produits et services financiers adaptés et à couts abordables à 75% de la population adulte de l’Uemoa».

Cet objectif qui met l’accent particulièrement sur les populations rurales, les femmes et les jeunes, les personnes à faible éducation financière. Mais aussi les Petites et moyennes entreprises dont les promoteurs se plaignent régulièrement de ne pas être suffisamment accompagnés par les banques.

Faible bancarisation

Selon la Banque mondiale, l’’inclusion financière définit «la possibilité pour les individus et les entreprises d’accéder à moindre coût à toute une gamme de produits et de services financiers utiles et adaptés à leurs besoins proposés par des prestataires fiables et responsables».

En Afrique de l’Ouest, l’accès aux services bancaires pose problème comme le rappelle souvent les associations de consommateurs. L’accessibilité qui est une des conditions-clés de l’inclusion financière n’est pas tout à fait garantie. Selon la banque mondiale, détenir un compte en banque constitue un « prérequis » pour une épargne formelle.

En 2017, la Bceao indiquait «un taux de bancarisation, au sens large, incluant les systèmes financiers décentralisés, atteint 34,5% contre 16,6 en 2007».

Regroupant huit pays, l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) a une population totale estimée à 112 millions d’habitants.

« Dans nos pays, il y a un nombre important de personnes qui restent exclues du système bancaire classique, j’allais même dire du secteur financier formel», a déclaré à Ouestaf News, Boubacar Diallo, conseiller pour l’Afrique au niveau au Centre d’inclusion financière (basé aux Etats-Unis).

Pour M. Diallo, l’inclusion financière rime avec accessibilité, usage et  qualité. «Il ne suffit pas d’avoir des guichets partout, mais aussi il faut que la personne sache les utilisez», explique-t-il.

Dans son rapport 2017 sur l’inclusion financière, la Banque mondiale cite, la cherté, la méfiance parmi les facteurs explicatifs de la non bancarisation qui touche 1,7 milliards de personnes à travers le monde.

Dans les deux pays moteurs de l’Uemoa, la Côte d’Ivoire et le Sénégal, les chiffres publics donnent des taux de bancarisation respectif de  16  et 21%.

Première économie du continent, le Nigeria (186 millions d’habitants) a lancé en 2012, sa stratégie nationale d’inclusion financière qui prévoit de réduire le taux d’adultes non bancarisés de 46,6% en 2010 à 20% en 2020.

Percée du mobile money

Le mobile banking ou banque digitale a connu une remarquable progression en Afrique. Aujourd’hui près de 230 millions  (contre 100 millions en 2015) dans le monde, utilise les services financiers via mobile dont 140 millions en Afrique.

Une évolution qui a eu lieu à rebours de la faible bancarisation constatée sur le continent africain.

Favorisé par la généralisation du téléphone mobile, le mobile banking est même considéré par des spécialistes comme le moteur de l’inclusion financière.

Selon  la GSMA, l’écosystème de la téléphonie mobile a contribué 37 milliards de dollars à l’économie de l’Afrique de l’Ouest, soit 6,5 % du Produit intérieur brut de la Communauté économique des états de l’Afrique (Cedeao).

Entre 2016 et 2017, le nombre de comptes associés à des services financiers mobiles en Afrique de l’Ouest a connu une progression de 20,9%, selon GSMA. Ce dernier précise aussi que la valeur totale des transactions a atteint 5,3 milliards de dollars en 2017.

Taux élevés et réglementation

«La réglementation joue également un rôle important dans deux dimensions. Elle peut permettre l’entrée de nouveaux acteurs, mais aussi elle permet l’amélioration de la qualité de services », explique, Boubacar Diallo.

Tout en saluant, les efforts consentis par la BCEAO à travers la mise en place d’une stratégie d’inclusion financière, M. Diallo identifie aussi les lourdeurs administratives comme un frein alors que des pays d’Afrique font de grandes avancées.  «C’est vrai que les banques centrales sont souvent lourdes mais la BCEAO est super lourde», estime M. Diallo.

D’autres griefs sont aussi formulés contre la BCEAO. Au niveau des consuméristes de l’Association des clients et sociétaires des institutions financières (ACSIF) on accuse souvent d’être très peu regardant par rapport aux « taux usuraires », pratiquées par les banques.

Basée à Dakar, l’ACSIF s’est aussi maintes fois plaint du non-respect par des banques des 19 mesures de gratuité des services bancaires, décrétées par la BCEAO.

De plus en plus les spécialistes, insistent sur la qualité du service, notion qui inclut une bonne règlementation mais aussi une meilleure protection des clients et usagers.

Selon les chiffres de la BCEAO, 702 institutions de microfinance (IMF) étaient recensées en 2016 dans l’espace Uemoa. Au cours de cette année, 12, 73 millions de clients avaient pu bénéficier d’un crédit.

Sur ce registre, le débat sur la cherté des taux qu’appliquent les IMF, reste entier. Jugé trop élevé les IMF applique parfois des taux d’intérêts jugés prohibitifs. Toutefois, de l’avis de certains experts c’est une critique à nuancer puisque les IMF empruntent aux banques à des taux déjà élevés. Pas moins de 131 banques sont recensées dans l’espace Uemoa, avec une forte présence des groupes marocains (BMCE, BCP et Attijariwafa Bank) qui en 2016 contrôlaient 28,8 % des parts de marchés, selon Agence Ecofin.

MN/ts

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