Amnesty International a fustigé les autorités nigérianes pour ce qu’elle qualifie « d’intimidation et de répression systématique » d’un des principaux syndicats du pays, le Congrès du travail du Nigeria (NLC), et de ses dirigeants.
Selon un communiqué publié le 20 août 2024, cette organisation de défense des droits humains accuse le gouvernement nigérian de mener une campagne visant à paralyser les activités du NLC.
Amnesty International s’inquiète particulièrement des nouvelles allégations de terrorisme portées contre le NLC et son président, Joe Ajaero. Citée dans le document, l’organisation syndicale a révélé que son président a été convoqué par la police. Le texte dénonce une enquête « manifestement infondée et politiquement motivée », précisant que cette convocation repose sur « des accusations présumées de financement du terrorisme, de cybercriminalité, de subversion, de conspiration criminelle et de trahison ».
Ces accusations seraient, selon Amnesty International, une tentative de réduire au silence le syndicat, en réponse à son opposition aux politiques gouvernementales. Le directeur d’Amnesty International au Nigeria, Isa Sanusi, souligne dans le communiqué que les menaces d’arrestation contre Joe Ajaero constituent une violation flagrante des droits syndicaux, garantis par le droit international et la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples.
Dans son communiqué, le NLC dénonce les actions de la police nigériane, qualifiant leur démarche d’« entreprise fallacieuse et fortuite d’intimidation, de harcèlement et de chasse aux sorcières ». Selon le document, ces actions ne sont rien d’autre qu’une « parodie de justice » et une tentative flagrante d’étouffer la voix des travailleurs et de leurs dirigeants.
Les incidents rapportés par le communiqué d’Amnesty incluent une agression sur Joe Ajaero en novembre 2023 à Owerri, dans l’État d’Imo (sud-est du pays), où il a été battu et bandé par la police en collaboration avec « des miliciens parrainés par le gouvernement de l’État d’Imo ».
Malgré la gravité de cet acte, « aucune poursuite n’a été engagée contre les responsables ». En février 2024, les dirigeants du NLC avaient également dénoncé des menaces et des intimidations, faisant suite à « une grève légitime », précise le document.
Entre le 1er et le 10 août 2024, le Nigeria a été secoué par des protestations violentes qui ont dégénéré dans plusieurs États du pays, notamment à Kano (nord), Kaduna (centre), et Zamfara (nord). Selon Amnesty International, ces manifestations ont fait au moins vingt morts et une centaine de blessés.
Le 7 août 2024, le NLC rapportait déjà une intervention policière à son siège, au cours de laquelle des documents et des livres ont été saisis. Selon Amnesty International, « après cette opération, les dirigeants syndicaux ont dû se cacher pour des raisons de sécurité ».
Face à ces faits, Amnesty International a appelé les autorités nigérianes à cesser immédiatement ce qu’elle décrit comme une tentative « d’intimider et de harceler » davantage le NLC. L’organisation dénonce les accusations portées contre le NLC comme étant « sans fondement », et destinées uniquement à les dissuader et à les punir pour avoir défendu les droits des travailleurs.
Le Nigeria, avec plus de 210 millions d’habitants, est en proie à une inflation record, atteignant plus de 33 % en moyenne en mars 2024 et jusqu’à 40 % pour les produits alimentaires. Le rapport sur l’Indice des prix à la consommation (IPC) du Bureau national des statistiques du Nigeria indique que l’inflation, à son plus haut niveau depuis plus de 30 ans, a considérablement augmenté le coût de la vie, tandis que le taux de change du naira, la monnaie nationale, a chuté de 95,6 % en 2023.
Selon la Banque africaine de développement (BAD), le produit intérieur brut du pays a été estimé à plus de 300 milliards de dollars en 2023 (près de 271 milliards d’euros au taux de change au 31 décembre 2023, soit plus de 1.780 milliards de francs CFA). Cependant, ce PIB, qui est la richesse créée par les activités de production dans le pays, n’a pas permis d’enrayer la hausse de la pauvreté, qui touche 63 % de la population.
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