Un ancien conseiller à la sécurité nationale du Nigeria a acheté en 2002 une ferme en Caroline du Sud avec des fonds suspects. C’est la révélation faite par la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF) le 24 février 2024, en collaboration avec l’Initiative de signalement du crime organisé et de la corruption (OCCRP) et deux médias américains, The Post and Courier et Houston Chronicle.
Le mis en cause, Sambo Dasuki était à la tête de l’imprimerie nigériane de billets de banques (Nigerian Security Printing and Minting). Il fut également un chef du renseignement intérieur du Nigeria. D’après l’enquête publiée par la PPLAAF et ses partenaires, en 2015, Dasuki a été inculpé pour avoir détourné des milliards de dollars destinés à la lutte contre Boko Haram.
Depuis 2009, l’insurrection du groupe terroriste de Boko Haram déstabilise le nord du Nigeria, aggravant l’insécurité et la pauvreté dans un pays où plus de 30 % de la population vit sous le seuil d’extrême pauvreté, selon la Banque mondiale.
D’importants fonds ont été alloués à la lutte contre ce conflit. Mais une nouvelle enquête révèle que, Sambo Dasuki, alors conseiller à la sécurité nationale, en a détourné une partie pour détenir des biens de luxe à l’étranger.
L’enquête révèle que Dasuki et sa famille ont tenté d’obtenir un visa d’investisseur américain en affirmant que l’argent provenait d’un contrat de lobbying en faveur d’une compagnie pétrolière texane au Ghana. Cette demande a été rejetée par les autorités américaines « en raison de doutes sur l’origine des fonds », sans pour autant engager d’autres actions contre la propriété, précise la PPLAAF.
Selon la plateforme, la propriété en question a été transférée au nom de l’épouse de Dasuki, et est aujourd’hui exploitée sous location comme lieu d’événements dans le pays.
La PPLAAF rappelle qu’en 2024 une autre enquête avec The Washington Post et Premium Times, deux médias américain et nigérian, avait révélé des acquisitions suspectes de propriétés de luxe aux Etats-Unis par Dasuki et ses proches. Malgré des demandes d’enquête des autorités nigérianes, plusieurs de ces biens restent toujours sous le contrôle de la famille de Dasuki.
Miné par la corruption, le Nigeria se classe 140e sur 180 dans l’Indice de perception de la corruption 2024 de Transparency International, publié en février 2025, confirmant l’ampleur du problème dans le pays le plus peuplé d’Afrique.
HD/fd
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