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Sénégal : le Premier ministre enfin devant les députés

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Ouestafnews – Le Premier ministre Ousmane Sonko s’est présenté devant le Parlement ce 27 décembre 2024 pour prononcer sa déclaration de politique générale (DPG), attendue depuis sa nomination en avril 2024. Le chef du gouvernement fait face à une Assemblée nationale largement acquise à sa cause depuis les législatives anticipées du 17 novembres 2024. La tenue de ce grand oral a connu diverses péripéties avant d’avoir lieu.

M. Sonko est arrivé à l’Assemblée nationale à 10 heures locales, tout de blanc vêtu. Il a été accueilli devant le portail de l’Assemblée par quelques élus et des membres du gouvernement.

Son arrivée a été retransmise en direct par la télévision nationale et sur les réseaux sociaux. Le Premier ministre (PM) est attendu sur la nouvelle orientation du gouvernement avec l’arrivée au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye et de son parti, le Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité).

Mais le chef du gouvernement est aussi attendu sur la manière dont il fera face aux députés, notamment ceux de la nouvelle opposition qu’il avait refusé d’affronter, lorsque ceux-ci étaient majoritaires dans la législature précédente.  

Ce refus d’Ousmane Sonko avait suscité moult interprétations et une polémique : généralement effectuée durant les trois premiers mois de l’entrée en fonction du Premier ministre, le rituel républicain de la déclaration de politique générale a tenu en haleine les Sénégalais depuis l’arrivée d’Ousmane Sonko à la primature.  

Le nouveau PM s’était appuyé sur un vide dans le règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui ne contenait pas, à l’époque, de dispositions relatives au Premier ministre et à sa DPG. Cet exercice est pourtant prévu par l’article 55 de la Constitution en vigueur. La faute à une absence de mise à jour du règlement de l’Assemblée après la restauration du poste en 2022.

La fonction de Premier ministre avait été supprimée en 2019 par le président Macky Sall, juste après sa réélection pour un second mandat.  

Cette « carence » a servi de justificatif à Ousmane Sonko qui avait refusé de se présenter devant les députés. Sa démarche sera soutenue par son parti. Un argument interprété comme une fuite en avant par la majorité parlementaire, constituée à l’époque, de partisans de l’ancien président Macky Sall, pour qui le PM redoutait en réalité une éventuelle motion de censure de leur part mais aussi des questions difficiles voire délicates.

Lire aussi : Déclaration de Politique générale : éclairage sur un exercice qui fait polémique

Pour cela, le Premier ministre avait fixé un ultimatum jusqu’au 15 juillet 2024 à la majorité pour que le règlement soit mis à jour. Cette mise à jour sera finalement adoptée en procédure d’urgence le 16 août 2024. Cependant, elle ne mettra pas fin au suspens et à la controverse autour du grand oral du PM Sonko. Son gouvernement se verra menacé, le 3 août 2024, d’une motion de censure juste après la mise en échec par l’opposition d’un projet de révision constitutionnelle qui sera rejeté par l’ancienne majorité.

Afin de désamorcer la bombe, le président Faye saisira l’Assemblée nationale le 6 septembre 2024 pour informer les députés de la fixation de la date de la DPG au 13 du même mois. Cette décision a été prise face à la volonté de la majorité parlementaire qui avait décidée d’accueillir le Premier ministre le 11 septembre, une manière d’anticiper une éventuelle dissolution du Parlement qui pourrait intervenir dès le lendemain. La Constitution sénégalaise autorise le chef de l’État à dissoudre par décret l’Assemblée nationale à partir des deux ans de l’installation de la législature. 

Le rendez-vous du 13 septembre 2024 sera aussi manqué. Dans un bref discours à la nation diffusé la veille, le président de la République annonce la dissolution de l’Assemblée nationale et la convocation de législatives anticipées pour le 17 novembre 2024.

Bassirou Diomaye Faye avait justifié cette mesure par l’impossibilité d’une « collaboration franche » avec la majorité parlementaire. Il avait rappelé à cet effet le « refus » de l’opposition parlementaire de tenir le débat d’orientation budgétaire fin juin.

De leur côté, les opposants avaient dénoncé un « parjure » du président, rappelant sa décision d’envoyer son Premier ministre, Ousmane Sonko, faire sa DPG le 13 septembre 2024. La dissolution de l’Assemblée nationale mettait ainsi fin à toute possibilité de la tenue de la DPG avant l’installation d’une nouvelle législature.

En arrivant au Parlement ce matin, le Premier ministre n’a rien à craindre. Sur les 165 députés qui composent la nouvelle Assemblée, les 130 sont issus de son parti ou des formations alliées. Ce qui lui garantit un passage moins risqué. Mais il n’est pas dit que les quelques députés de l’opposition ne profiteront pas de son passage pour lui lancer quelques piques.

IB/md/ts


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