Dans cet entretien accordé à Ouestafnews, le président de l’association des victimes du régime de Hissène Habré (AVCRHH) livre son avis sur le Fonds fiduciaire qui doit permettre une réparation financière. Clément Abaifouta espère que le processus d’indemnisation ne prendra pas autant de temps que celui ayant abouti au procès.
Ouestafnews – Plus d’un an après la condamnation de M. Habré, votre quête de justice se poursuit, puisque les victimes réclament désormais une indemnisation financière. Pour vous personnellement, en quoi est-ce important d’avoir une réparation financière?
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Clément Abaifouta – Une indemnisation constitue une réponse adéquate à un long parcours tel celui des victimes d’un régime sanguinaire. Il faut noter que ce ne sont pas les victimes de leur propre chef qui l’imposent. C’est plutôt le droit qui l’impose et qui le veut ainsi lorsqu’on parle d’un procès pénal. Cette indemnisation, même si elle est loin de remplacer les êtres chers ou la douleur qui continue de nous ronger, pourra tant bien que mal apporter un soulagement psychologique.
Ouestafnews – M. Habré a été condamné à verser 82 milliards FCFA aux victimes. Or, pour l’instant, ses biens saisis sont loin d’égaler cette somme. N’est-ce pas là un grand obstacle ?
C.A – Tout le monde sait aussi que Hissène Habré a débarqué au Sénégal avec beaucoup d’argent et qu’il a investi un peu partout. Ceci constitue pour une piste explorable. Nous tenons à ne point rater cette manche. Il est vrai pour l’instant, le fonds est vide. Il faut travailler afin de convaincre les bonnes volontés de certains pays ou organisations qui pourront accepter de contribuer à ce fonds. Vous savez tout ceci exige vraiment du travail bien fait tel nous l’avons réussi pour le procès. Il faut préciser que le dossier est tchadien et les victimes sont également tchadiennes. Il va falloir que le Tchad donne l’exemple en faisant le premier pas. Sinon, cela prouvera la mauvaise foi de mon pays.
Ouestafnews – Etes-vous sûr que toutes les victimes pourront rentrer dans leurs fonds dans des délais raisonnables?
C.A– Vous savez que l’on a habitué les victimes à découvrir ce qu’est la longueur du temps. Les victimes ont attendu 25 ans avant de réussir à gagner le procès. Donc, je ne pense pas que le mécanisme de réparation va prendre autant d’années que le procès. Par conséquent, je reste confiant en la volonté de l’Union africaine. Si tel n’est pas le cas, nous allons encore monter sur nos grands chevaux pour nous faire entendre. Espérons que nous n’allons pas en arriver là. Tout ce je peux vous dire c’est que nous sommes aguerris et prêts à toutes les éventualités.
MN/ad
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