« 51 affaires concernant 181 accusés dont 15 femmes sont inscrites au rôle de cette session spéciale », a déclaré le Procureur général près de la Cour d’appel de Bamako, lundi 1er juillet 2024, lors de la cérémonie d’ouverture de la Cour d’assises spéciales sur les crimes économiques et financiers. Selon Faradji Baba cité par la plateforme malienne de médias Studio Tamani, ces infractions soumises à la justice « mettent en péril les finances de l’État » en le privant de ressources nécessaires à l’exécution de politiques publiques.
Parmi les prévenus, figurent de nombreux anciens ministres et cadres de l’État malien accusés de malversations économiques et financières sur les biens publics, de blanchiment de capitaux, de faux et usage de faux, d’escroquerie.
Au total, c’est une cinquantaine de dossiers qui seront traités par la Cour d’assises spéciales. Mais les affaires les plus emblématiques risquent de ravir la vedette au reste par l’envergure des personnalités impliquées et des montants présumés détournés.
Bakary Togola, ancien président de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton (C-SCPC), est attendu à propos de présumés ristournes et détournements survenus dans la filière cotonnière, l’une des plus florissantes au Mali.
Le « roi du coton » est accusé d’avoir détourné près de 10 milliards de Francs CFA sur un versement de 13,4 milliards de FCFA au profit de la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT). C’était entre 2013 et 2019 alors qu’il dirigeait l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM) ainsi que des coopératives de cotonculteurs.
Une autre personnalité attendue à la barre, c’est le général Salif Traoré, ancien ministre en charge de la Sécurité. Sa présence devant le tribunal est lié au programme « Sécuriport », une entreprise américaine spécialisée dans la mise en place de systèmes de sécurité aéroportuaire.
Dans ce dossier, les enquêtes ont révélé que l’État malien a perdu environ huit milliards de FCFA en raison de la suppression de clauses contractuelles avantageuses.
D’autres hauts responsables d’État sont également impliqués dans cette affaire. C’est le cas de Seynabou Diop, ancienne ministre de l’Équipement et des Transports.
Plusieurs hauts cadres de la société publique Électricité du Mali (EDM) sont aussi poursuivis pour vols de camions citernes remplis de fuel et de surfacturation, notamment.
En ce qui concerne l’EDM, le président de la Transition malienne avait promis le 15 janvier 2024 au palais de Koulouba que la justice ferait preuve de fermeté et que « personne ne sera épargné ». C’était à l’occasion de la présentation des vœux des familles fondatrices de Bamako, des autorités religieuses et des forces vives de la nation.
« La traque des délinquants financiers va continuer aussi bien au niveau du Pôle judiciaire spécialisé qu’au niveau du cabinet d’instruction de la Cour suprême », a-t-il assuré le 7 décembre lors de la Rentrée des cours et tribunaux 2023-2024. Une déclaration rapportée par Sahel Tribune.
Le colonel Assimi Goïta, arrivé au pouvoir via un coup d’État en août 2020, s’était engagé à lutter « sans état d’âme » contre la corruption et à mettre fin à l’impunité dont jouissent les prédateurs de deniers publics au Mali.
IB/md
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