Ouestafnews – Des organisations de défense de droits humains ont manifesté le vendredi 21 juin 2024 à Dakar pour soutenir les personnes victimes « des représailles » du régime du capitaine Ibrahim Traoré au Burkina Faso.
Pour dénoncer les « violations contre la liberté de la presse, la liberté d’opinion et d’expression » en cours au Burkina Faso, la Coalition sénégalaise des défenseurs des droits humains (COSEDDH) et la section sénégalaise d’Amnesty International ont tenu un rassemblement pacifique le vendredi 21 juin 2024 à la Place de la Nation à Dakar.
Selon les organisateurs, l’objectif est de soutenir tous les militants de la société civile burkinabè « victimes de l’oppression du pouvoir militaire à Ouagadougou ». Il s’agit notamment de l’avocat Guy Hervé Kam, arrêté depuis janvier 2024, et bien d’autres personnes réquisitionnées pour intégrer de force les rangs des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP).
Les VDP est une milice créée en 2020 par l’Etat et constituée de civils pour prêter main forte aux forces de sécurité sur le terrain, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
« Nous demandons au gouvernement de respecter la liberté d’expression et d’opinion mais aussi de cesser d’enrôler les gens par force parce qu’ils critiquent la manière dont est gérée la crise sécuritaire dans le pays », a déclaré Seydi Gassama, directeur exécutif de Amnesty Sénégal, interrogé par Ouestaf News. Son organisation est co-initiatrice du regroupement.
Seydi Gassama invite toute la société civile ouest-africaine à se mobiliser pour que les défenseurs des droits humains et les journalistes puissent exercer librement leur travail au Burkina Faso.
Pour Alfred Bulakali, directeur régional d’Article19, ils ne réclament que ceci : « Libérez Guy Hervé, libérez notre prisonnier d’opinion, libérez l’espace civique, libérez l’espace politique ». Article 19 est une organisation internationale qui défend le respect des droits humains.
Les espaces de liberté sont de plus en plus restreints au Burkina Faso, selon les organisateurs du rassemblement. En témoigne l’arrestation de plusieurs dizaines de voix critiques contre le régime du capitaine Ibrahim Traoré.
« J’ai assisté à la manifestation parce que je connais personnellement Me Guy Hervé Kam mais aussi pour exprimer ma colère et mon indignation par rapport au sort qui lui a été réservé », dénonce Alioune Tine, fondateur d’Africajom Center contacté par Ouestaf News. Selon M. Tine, ce que subit Guy Hervé Kam « est totalement injuste ».
D’abord arrêté en fin janvier 2014, le cofondateur du mouvement de la société civile Balai Citoyen, a été libéré le 29 mai 2024 sur décision de justice. Mais il a été interpellé de nouveau le jour de sa remise en liberté, notamment pour « complot contre la sûreté de l’État ».
Pour M. Tine, également ancien directeur régional d’Amnesty International, Guy Hervé Kam est un défenseur des personnes opprimées, qui est aujourd’hui victime d’une « grande injustice ».
La situation sécuritaire délétère au Burkina Faso ne justifie pas les abus contre les voix discordantes, selon Alfred Bulakali d’Article19. « Les autorités doivent créer les conditions pour que les citoyens soient correctement informés sur comment leur sécurité est assurée », estime-t-il. Il dénonce l’instauration « d’une forme de pensée unique et d’intolérance violente » en utilisant l’État pour réduire au silence toute voix critique.
Le Burkina Faso vit un contexte sécuritaire difficile avec les attaques incessantes de groupes terroristes. Pour faire face à cela, l’État a recours à des réquisitions et enrôlements de civils au sein des VDP. Des pratiques qualifiées d’arbitraires par les défenseurs des droits humains. Face aux représailles du régime, certaines voix ont dû se taire. D’autres ont préféré l’exil.
IB-FD
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